Titre | Les community colleges américains et la politique de l'inégalité | |
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Auteur | Steven Brint, Jérôme Karabel | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | vol. 86, no. 1, 1991 Éducation et sociétés | |
Rubrique / Thématique | Éducation et sociétés |
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Page | 69-84 | |
Résumé |
Les community collèges et la politique de l'inégalité. Le junior ou community college américain (formation en deux ans), dont la création au début du siècle devait permettre d'offrir une voie d'accès vers les filières longues de l'enseignement supérieur (en quatre ans), s'est transformé au cours des vingt dernières années en une institution dispensant une formation professionnelle courte. Pour expliquer cette transformation, les auteurs proposent un "modèle institutionnel" montrant que c'est à l'intérieur d'un champ organisationnel spécifique avec ses contraintes et sa logique propres que s'opère le développement des community colleges, notamment la stratégie de professionnalisation mise en oeuvre par leurs enseignants et leurs administrateurs. Dans le contexte de la dévaluation, au cours des années 70, du titre degraduate sur le marché du travail, cette stratégie vise à s'approprier une part de marché stable à l'intérieur de l'écologie organisationnelle complexe de l'enseignement supérieur amé- ricain, en tenant compte, de manière anticipée, des orientations qui sont prises à l'échelle de l'Etat et surtout des grandes entreprises privées. L'article examine enfin les implications de cette transformation en montrant qu'une professionnalisation excessive de ces collèges, en diminuant les chances de mobilité pour un grand nombre de leurs étudiants d'origine ouvrière ou venant des minorités, irait à l'encontre des idéaux démocratiques dont se réclament ces collèges et qui leur valent le soutien du public, tandis qu'un renforcement des filières-passerelles serait plus conforme à ces idéaux, à condition de rendre parfaitement transparent le rôle de sélection scolaire et sociale joué par ces institutions d'enseignement supérieur. L'histoire du community college montre bien qu'il est sans cesse pris entre les pressions contradictoires du capitalisme et de la démocratie, lieu privilégié de conflits entre forces opposées. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
The Community College and the politics of inequality. The American two year "junior" or "community" college, which originated at the turn of the century as a liberal-arts institution oriented to transfer to four-year colleges, has in the past two decades become transformed into a predominantly terminal vocational institution. Rejecting both "consumer-choice" and "business-domination" models of the sources of this transformation, the authors propose an "institutional model" which emphasizes that organizations can take on a logic of their own and pursue their own distinctive interests. Within this framework, community colleges are seen as operating within a specific organizational field which shapes and constrains patterns of institutional development. Within these constraints, the ideologies and interests of educators and administrators are seen as crucial factors in shaping the strategy of vocationalization as a means of insuring a stable market niche within the complex organizational ecology of American higher education. This strategy, which was realized in the context of the objective downturn in the labor market prospects of college graduates which oc- curred in the 1970s, acknowledged the structural power of the state and especially big business. The vocationalization of the community college is thus cited as an example of anticipatory subordination, the tendency of dependent institutions to channel their development along lines compatible with the perceived preferences of more powerful institutions. This article concludes with a discussion of the implications of this transformation for the democratic ideals which are the source of much of the popular support for the community college. Further vocationalization, it is suggested, will have negative effects of the mobility chances of the large number of minority and working-class students who attend two-year institutions. Instead, transfer programs should be strengthened and the role that institutions of higher education, including community colleges, play in the process of educational and social selection should be rendered more transparent. Buffeted throughout its history by the contradictory pressures of capitalism and democracy, the community college is -and will remain- an arena of conflicting forces. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1991_num_86_1_2970 |