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Titre Savoir durer
Auteur Christophe Charle
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro vol. 86, no. 1, 1991 Éducation et sociétés
Rubrique / Thématique
Éducation et sociétés
Page 99-105
Résumé Savoir durer : la nationalisation de l'Ecole libre des sciences politiques. Une étude de la nationalisation de l'Ecole libre des sciences politiques, fondée sur les témoignages des ac- teurs et les archives de Sciences-Po, permet de comprendre le contraste entre un processus de réforme ou de remise en question quasi permanent des mécanismes de formation et de sélection de la haute administration et la persistance, par-delà les régimes ou les changements politiques, des tendances dominantes à la reproduction des élites administratives et du culte de l'Etat à la française. Les débats et les projets de réforme entre 1936 et 1945 montrent que les acteurs réels avaient conscience des enjeux sociaux cachés derrière les diverses solutions essayées, proposées et finalement adoptées. En 1945, les dirigeants de la rue Saint-Guillaume, après une première tentative gouvernementale de réforme en 1936, se résignent au passage sous contrôle public, mais en jouant sur la rapidité nécessaire à la mise en place de la réforme et sur le capital culturel, symbolique et social accumulé par l'Ecole pour éviter la solution radicale de la "nationalisation-sanction" alors proposée par les communistes, ce qui leur permet d'infléchir la solution administrative choisie (création d'une fondation chapeautant le nouvel Institut d'études politiques) pour préserver au maximum l'autonomie et l'originalité du fonctionnement de l'ancienne école libre nationalisée. La facilité de la nationalisation de l'Ecole libre des sciences politiques et le succès de son débouché public, l'ENA, s'expliquent par le fait que, contrairement à ce qui s'est produit pour l'ENA de 1848, ces deux innovations ne se heurtaient à aucune des forces sociales ou politiques en présence qui, bien au contraire, croyaient pouvoir chacune en tirer profit. Pourtant la solution choisie ne remettait en fait pas réellement en cause le mode de recrutement de la future élite administrative qui est encore aujourd'hui inchangé.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais dless of regimes or political changes, of the tendencies dominating the reproduction of the administrative elites and of the French-style cult of the State. The debates and reform projects between 1936 and 1945 show that the real actors were aware of the social stakes hidden behind the various solutions that were tried out, put forward and finally adopted. After a first attempt at reform by the Government in 1936, in 1945 the directors of the school resigned themselves to passing under public control, but they played on the speed needed to set up the reform and on the cultural, symbolic and social capital accumulated by the school in order to avoid the "punitive nationalization" then proposed by the Communists. This enabled them to inflect the administrative solution then chosen (the creation of a foundation overseeing the new Institut d'etudes politiques) so as to preserve as much as possible of the autonomy and originality of the functioning of the nationalized "école libre". The ease with which the school was nationalized, and the success of its public-sector outlet, the Ecole Nationale d'Administration, can be explained by the fact that, in contrast to what happened to the ENA of 1848, these two innovations did not run counter to any of the social or political forces then present. On the contrary, the latter each thought they could draw advantage from them. However, the solution chosen did not really call into question the mode of recruitment of the future administrative elite, which is still unchanged today.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1991_num_86_1_2973