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Titre La formation et l'évolution de Gustav Mahler
Auteur Carl E. Schorske
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro vol. 100, no. 1, 1993
Page 5-15
Résumé La formation et révolution de Gustav Mahler Mahler a connu une réussite professionnelle sans équivalent dans le domaine des arts. Bien que d'origine juive à une époque où triomphait à Vienne l'antisémitisme, il fut nommé à 37 ans directeur et chef d'orchestre de l'Opéra de la Cour. Les contemporains de Mahler l'admiraient principalement comme chef d'orchestre. Nous l'adulons aujourd'hui comme compositeur alors que les critiques et le public de l'époque jugeaient ses compositions à la fois banales et vulgaires quant à leur substance, et lâches et incohérentes quant à leur forme. Cette tension entre ces deux rôles trouve son principe dans le fait que Mahler a subverti le système classique de la tonalité en suivant un chemin qu'on pourrait appeler sociologique. Il a emprunté au monde de la vie quotidienne des matériaux musicaux (danses paysannes, valses, airs yiddish et tsiganes, chansons estudiantines, marches, etc.) qui brisaient la pureté et l'autonomie du système classique fermé sur lui-même dans la mesure où ces musiques vernaculaires, loin d'être assujetties aux conventions, gardaient leur caractère propre. Mahler a ainsi ouvert la musique classique, musique de classe et art de l'élite cultivée, aux revendications existentielles des musiques de l'homme ordinaire.
Résumé anglais The Training and Development of Gustav Mahler Mahler enjoyed a professional success without parallel in the arts. Although he was of Jewish origin, in a period of pronounced anti-semitism in Vienna, at the age of 37 he was appointed director and conductor of the Court Opera. His contemporaries admired him mainly as a conductor. He is idolized today as a composer, whereas the critics and audiences of the time judged his compositions banal and vulgar in content, sloppy and incoherent in form. This tension between the two roles arises from the fact that Mahler subverted the classical system of tonality, following a route that may be called sociological. From the world of everyday life he borrowed musical material (peasant dances, waltzes, Yiddish and gypsy melodies, student songs, marches, etc.) which broke the purity and autonomy of the self-enclosed classical system, in as much as these elements of vernacular music, far from being subjected to the conventions, retained their own character. Mahler thus opened up classical music a class music, an art for the cultured elite to the existential demands of the music of the common man.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1993_num_100_1_3067