Titre | Le don gratuit : le cas d'un établissement public | |
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Auteur | Yvan Barel, Sandrine Frémeaux | |
Revue | Gérer et comprendre (Annales des mines) | |
Numéro | no 94, 2008/4 | |
Rubrique / Thématique | En quête de théories |
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Page | 80-89 | |
Résumé |
La logique de la réciprocité est le cadre d'analyse dominant de la relation de travail. La logique du don/contredon s'inscrit dans ce même cadre de référence, en postulant qu'aucune relation d'échange ne peut survivre à une situation d'asymétrie trop forte (Mauss, 1924). Mais elle ajoute une idée nouvelle en mettant en exergue le « tabou du calcul » (Bourdieu, 1980) : le désir de contredon n'est pas toujours manifesté, ni même conscient. Aux côtés de la logique de réciprocité, un autre concept fait son apparition : celui de don existentiel ou don gratuit, qui se suffit à lui-même et dont les travaux de Caillé et Godbout (1992), puis de Dumond (2007) ont révélé l'importance. Déconnecté d'une quelconque attente de retour, le don existentiel est-il ce qui donne sens au travail ?Des expériences de don ont été exprimées par des salariés d'un CROUS (Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires), organisme public français ayant pour vocation de faciliter la vie des étudiants dans de nombreux domaines (restauration, logement, bourses, action sociale et culturelle, ouverture sur l'international). L'étude a été menée à l'occasion de la construction d'un projet d'établissement. Si, lors des entretiens semi-directifs réalisés auprès d'un échantillon transversal de trente-sept salariés, certains récits témoignent d'un attachement à la logique de réciprocité marchande, d'autres récits, au contraire, sont des témoignages de don aux étudiants. Cette analyse montre l'importance, pour un grand nombre de salariés, du rapport personnel, libre, non stratégique aux usagers, dans les entreprises de service public. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The free gift: the case of a public establishment The dominant paradigm for analyzing on-the-job relations invokes reciprocity. Fitting into this paradigm, the “logic” of the gift/countergift (Mauss) postulates that exchanges cannot continue in situations marked by a too strong asymmetry; but it adds a new idea, namely the “calculation taboo” (Bourdieu): the desire for a countergift is not always shown, nor even conscious. Alongside the logic of reciprocity, another concept has cropped up: the “existential” or “free” gift that suffices in and of itself (Caillé and Godbout; Dumond). Is the existential gift, which is not linked to any expectation of a return, what gives meaning to work? A study of this phenomenon was conducted with wage-earners during the drawing up of an “establishment project” at CROUS (Centre Regional des Œuvres Universitaires et Scolaires), a public organization in France that offers various services (cafeterias, dormitories, scholarships, social and cultural activities, international opportunities) to students. Some of the semidirective interviews conducted with a cross-sectional sample of 37 wage-earners provide evidence of an attachment to a logic of marketplace reciprocity, whereas others bear testimony to a logic of making gifts to students. For many of these wageearners, the free, personal, nonstrategic relations with students in this public service were of special importance. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GECO_094_0080 |