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Titre Mise en ordre néolibérale de l'espace et fabrication de « bons commerçants » au Cap et Quito : le commerce « de moins en moins dans la rue »
Auteur Marianne Morange, Aurélie Quentin
Mir@bel Revue Métropoles
Numéro no 21, 2017 Mise en ordre, mise aux normes et droit à la ville : perspectives croisées depuis les villes du Sud
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé Dans les centres-villes de Quito (Equateur) et du Cap (Afrique du Sud), on observe des dynamiques convergentes de régularisation du commerce de rue. Ces dernières sont liées à l'affirmation d'agendas entrepreneuriaux, fondés notamment sur des programmes de régénération urbaine. Ces processus sont interprétés par la littérature critique néomarxiste comme l'un des effets de la néolibéralisation des politiques urbaines et ils sont analysés en termes de rapports de forces et de conflits ou de domination. S'inspirant des approches foucaldiennes du pouvoir et d'une lecture foucaldienne de la néolibéralisation comme gouvernementalité, ce texte propose de décaler la perspective sur les processus de pouvoir à l'œuvre dans ces opérations en s'intéressant non pas à la violence qui est faite aux commerçants au moment du conflit, mais à la mise en ordre des pratiques et des représentations dans le moment post-déplacement. A travers la promotion des dispositifs techniques du « marché » et du « mall », leurs pratiques, leurs valeurs entrepreneuriales et la représentation qu'ils se font d'eux-mêmes s'ajustent, se transforment et se recalent dans le sens d'une conformation au projet entrepreneurial municipal, ainsi qu'à la place qui leur est assignée dans ce projet. L'article analyse la manière dont cet alignement opère, par le biais d'une discipline spatiale, d'un encadrement social et d'une bureaucratisation des pratiques. Puis il discute du sens et des effets ambivalents de ce processus qui produit à la fois de la conformation et de la transgression, une forme de responsabilisation individuelle et certaines attentes vis-à-vis de l'Etat.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais In the city centers of Quito (Ecuador) and Cape Town (South Africa), street trading activities are being increasingly regularized. This is done primarily by forcing the traders to operate in formal markets. In both cities, this process is linked to the rise of entrepreneurial agendas of urban regeneration. In critical neomarxist urban theory, these movements tend to be construed in terms of conflict, domination and power structures and they are discussed in reference to the debate on the neoliberalisation of urban policies. Drawing on a foucauldian understanding of power and of neoliberalisation as a process of governmentality, this paper analyses the socio-spatial reordering of street traders' activities once they have been regularized. Instead of focusing on the violence that is exercised against them during the regularization itself, we look at the reordering of practices and the reshaping of representations once regularization has happened. We argue that the technical tools and planning formulas of the “street market” and of the “mall” act as dispositives of power that reshape the street traders' identities, practices and values, aligning them with the entrepreneurial municipal project and with the municipal vision of their contribution to the entrepreneurial city. The paper shows how this alignment is realized through spatial discipline, intensified social control and an increased bureaucratization of the traders' practices. It thus contributes to reframe our understanding of the power relations at stake under neoliberal urban regeneration. In the last section of the paper, we discuss the ambiguous effects of this process: it generates both conducts of compliance and practices of transgression; it fosters an increased sense of individual responsibility among the traders; it nurtures political and social expectations toward the local State.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/metropoles/5522