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Titre Prendre la parole et être entendu : Lectures de l'analyse arendtienne de l'espace public par Seyla Benhabib et Iris Marion Young
Auteur Katia Genel
Mir@bel Revue Raisons Politiques
Numéro no 68, décembre 2017 Prises de parole : les discours subalternes
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 47-63
Résumé Le modèle de l'éthique de la discussion élaboré par Jürgen Habermas, désormais une référence incontournable pour penser l'espace public démocratique, ne permet pas forcément de saisir qui parle, comment les choses sont dites et entendues, et comment ceux que Nancy Fraser appelle des « contre-publics subalternes » peuvent apparaître institutionnellement et jouer un rôle politique. Or, une partie des critiques émises à l'encontre du modèle habermassien s'appuient sur la théorie politique élaborée par Hannah Arendt qui, certes, s'attache à la prise de parole singulière dans un réseau collectif, mais se représente aussi l'espace politique comme la construction d'une égalité entre inégaux dans laquelle les particularités privées et sociales sont laissées en dehors du domaine politique qui tend à être considéré comme un lieu neutre. Nous étudions ici cette référence ambivalente à Arendt chez Seyla Benhabib et Iris Marion Young à travers leur analyse de la « pensée élargie », afin de voir si on peut, à partir du modèle arendtien, faire droit à la singularité des paroles dans leurs dimensions expressive et affective pour redéfinir l'espace public démocratique. La question est celle de savoir si ce souci du singulier et des différences permet le maintien d'une perspective critique, et notamment critique de la domination.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Speaking and being heard. Seyla Benhabib and Iris Marion Young's readings of the Arendtian analysis of the public spaceJürgen Habermas' model of discourse ethics, which has become an unavoidable reference for thinking the democratic public space, is not necessarily able to take into account the specificity of the person who speaks, how things are said and heard, and how what Nancy Fraser calls “subaltern counter-publics” may appear institutionally and play a political role. Yet, some of the criticism of the Habermassian model is based on the political theory developed by Hannah Arendt, who certainly highlights the importance of the singular speech in a collective network, but also conceives of the political space as the construction of an equality between unequal individuals in which the private and social characteristics are left outside the political field which tends to be considered as a neutral place. We study here this ambivalent reference to Arendt in Seyla Benhabib and Iris Marion Young's writings through their analysis of the “enlarged thought” to see whether one can, within an Arendtian model, give an account of the singularity of the speeches in their expressive and affective dimensions in order to redefine the democratic public space. The question we ask is whether this concern for the singular and the differences allows for a critical perspective and, in particular, for a critique of domination.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_068_0047