Contenu de l'article

Titre La production de modernités urbaines « glocales » : explorant les failles dans le miroir
Auteur Erik Swyngedouw, Maria Kaika
Mir@bel Revue géographie, économie, société
Numéro Vol. 7, 2005/2
Rubrique / Thématique
Articles originaux
Page 155-176
Résumé Les villes sont — et ont toujours été — des lieux fortement différenciés, qui expriment une hétérogénéité, des activités diverses, de la joie et du plaisir. Ceux sont des arènes pour la poursuite d'activités et de désire in-oppressé, mais aussi des espaces remplis de pouvoir systématique, de danger, d'oppression, de domination et d'exclusion. Pouvoir jongler entre ces tensions paradoxales, l'émancipation et la perte de pouvoir, a été bien sûr le quotidien des urbanistes, designer, ingénieurs sociaux, architectes et d'une vaste liste de visionnaires depuis les débuts des temps d'urbanisation. Cependant, les villes — et en particulier, les villes modernes — ne rendent pas l'apprivoisement facile. Dans les dernières décennies, les paramètres de la vie urbaine se sont orientés dans de nouvelles directions et se sont déplacés rapidement hors des contraintes dans lesquels les conceptions modernes et les pratiques gestionnaires urbaines avaient essayé de les retenir. Cette contribution soutient, premièrement, que ce nouvel état urbain présente une réaffirmation dramatique des forces modernes plutôt que l'annonce d'une image, radicale, d'une nouvelle ville « post-moderne ». Dans une seconde partie, l'attention se tournera vers les nouvelles conditions et les failles qui infusent l'urbanisation contemporaine. La différentiation et la fragmentation à tous les niveaux sont devenues le résultat naturel de l'internationalisation, de la mondialisation et de l'imposition croissante d'une culture total(isante) de biens. En dernier lieu, cet article s'orientera vers des questions de justice sociale et urbaine dans cette nouvelle image de la ville. Alors que les plans urbains et d'urbanisation, durant la période d'après-guerre, se sont enveloppés dans une idée Rawlsienne d'une « Justice Équitable » autour de grands termes de redistribution, le mirage d'une ville et d'une région juste, à distribution équitable, a été pulvérisé par la géopolitique d'accumulation de capitaux, prenant une nouvelle route importante après les transformations cataclysmiques des deux dernières décennies. Nous en concluons donc que les dynamiques contradictoires d'urbanisation hypermodernes actuelles ouvrent toute sorte de failles et de fissures. L'image d'une ville reflétant la modernité est brisée, tel un kaléidoscope et tout sauf cohérent. Ce sont justement dans ces « Third Spaces » (troisièmes espaces) interstitielles que résident les possibilités pour une intervention créative et pour toute autre expérimentation innovatrice urbaine. Ce sont aussi dans ces endroits où se négocie et se promulgue les questions et les pratiques d'une justice différente, du droit à la ville, et d'une vie urbaine emancipatrice. En effet, à l'intérieur de ces interstices d'une logique commerciale d'urbanisation « glocale », se cache avec tout son potentiel énergétique, la possibilité d'une forme et d'une vie urbaine, véritablement humaine.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Cities are —and have always been— highly differentiated spaces expressive of heterogeneity, diversity of activity, excitement, and pleasure. They are arenas for the pursuit of un-oppressed activities and desires, but also ones replete with systematic power, danger, oppression, domination and exclusion. Mediating the tensions between this dialectical twin of emancipation and disempowerment has of course been the bread and butter of urban planners, designers, social engineers, architects and an assorted array of visionaries since the earliest days of urbanisation. Yet, the city —and, in particular, the modern city— does not invite easy taming. In recent decades, parameters of urban life have shifted in new directions and moved rapidly out of the straightjacket in which modernist urban design and managerial urban practices had tried to capture it. This contribution asserts, first, that this new urbanity signals a dramatic re-assertion of the forces of modernity rather than announcing a radically new post-modern figure of the city. In a second part, attention will turn to the new conditions and fissures that infuse contemporary urbanisation. Differentiation and fragmentation at all levels have become the corollary of internationalisation, globalisation and the creeping imposition of a total(ising) commodity culture. The final section of this paper will turn to questions of urban social justice in this new figure of the city. While urban planning and urbanisation during the post-war period became wrapped up in a Rawlsian view of « Justice as Fairness » and framed in largely redistributive terms, the mirage of a just redistributional city and region was shattered to the bone as the geo-politics of capital accumulation took a decisive new route after the cataclysmic transformations of the past two decades. We conclude that the accelerating contradictory dynamics of present day hyper-modern urbanisation open up all sorts of cracks and fissures. The city as the mirror of modernity is fractured, kaleidoscopic and all but coherent. It is exactly in these interstitial « Thirdspaces » that the possibilities for creative intervention and for all manner of innovative urban experimentations reside. It is also in these spaces that issues and practices of justice in the midst of difference, of empowerment in the midst of exclusion and marginalisation, and of pleasurable living are negotiated and enacted1.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GES_072_0155