Contenu de l'article

Titre Reloger, mettre en attente et expulser les bidonvilles de Madrid : quand des politiques de résorption produisent de l'expulsion
Auteur Thomas Aguilera
Mir@bel Revue L'Année sociologique
Numéro Vol. 68, no 1, 2018 L'expulsion : une expérience contemporaine ?
Rubrique / Thématique
Études réunies et présentées par Thomas Aguilera, Florence Bouillon et Martin Lamotte
Page 101-134
Résumé Des politiques de résorption des bidonvilles sont mises en œuvre depuis le début des années 1960 à Madrid. Depuis 1999 notamment, des milliers de familles ont été relogées dans du logement public au centre de la capitale. Pourtant, plus de 10 000 personnes résidaient encore en bidonvilles en 2015. Cette persistance, loin d'être le résultat d'une faillite de politique publique, provient de la combinaison de plusieurs stratégies d'acteurs, à plusieurs niveaux de gouvernement, mettant en place diverses procédures. Parmi celles-ci, l'expulsion constitue le pilier autour duquel s'organise le relogement des familles et la gestion de l'ordre public. Mais l'expulsion peut prendre plusieurs visages, bien au-delà des interventions poli­cières ou des vagues d'expulsion à des fins économiques : on observe des évictions plus discrètes par la mise en œuvre d'instruments sélectifs de relogement. De plus, l'expulsion résulte aussi de l'inaction publique : des pans entiers de territoires sont mis à distance de l'agenda gouvernemental pour constituer des réserves d'habitat informel capables d'accueillir des familles expulsées par ailleurs et ainsi de réguler les effets des expulsions à l'échelle régionale. Par une analyse des relations entre les acteurs, de leurs stratégies et des instruments mobilisés, l'article identifie les processus produisant de l'expulsion et leurs effets sur les populations et les territoires. D'une part les politiques de résorption produisent de l'expulsion. D'autre part, les procédures d'expulsion, aussi diverses soient-elles, constituent la base de toute politique de relogement. Cette analyse des trois faces du gouvernement des bidonvilles – résorption, inaction, expulsion – permet d'expliquer leur persistance.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais
Slum clearance and relocation policies have been implemented since the early 1960s in Madrid. Since 1999 in particular, thousands of families have been relocated in public housing. Yet, more than 10,000 people were still living in slums in 2015. This persistence, far from being the result of a public policy failure, stems from the combination of several government stakeholders who set strategies at different scales and put in place various procedures. Among these procedures, expulsion is the pillar around which rehousing of families and the management of public order are organized. But expulsion can take many faces. Well beyond police interventions or waves of expulsion for economic purposes, there are more discreet evictions in the implementation of selective relocation instruments. Moreover, the expulsion is also done by public inaction: whole sections of territories are put away from the governmental agenda to form reserves of informality able to regulate the effects of evacuations carried out elsewhere. Through an analysis of the relationships between the actors, their strategies and the mobilized instruments, the article identifies the processes producing expulsion and their effects on populations and territories. Relocation policies (and more broadly welfare policies) produce expulsion as much as expulsion procedures, however diverse, and seem to be the basis of any relocation policy. This analysis of the three sides of slum government — relocation, inaction, expulsion — explains their persistence.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANSO_181_0101