Titre | Le philanthrocapitalisme et les « crimes des dominants » | |
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Auteur | Linsey McGoey, Darren Thiel, Robin West, Fanny Narcy | |
Revue | Politix | |
Numéro | vol. 31, no 121, 2018 Entreprises philanthropiques | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Entreprises philanthropiques |
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Page | 29-54 | |
Résumé |
Cet article a deux objectifs principaux. Dans une première partie, nous définissons la notion de « philanthrocapitalisme », un mouvement mondial qui prétend accroître l'efficacité de la philanthropie en appliquant les logiques de marché issues du monde de l'entreprise à la sphère caritative. À l'encontre d'autres analyses du philanthrocapitalisme, nous suggérons qu'une augmentation du volume des dons privés ne constitue pas une caractéristique intrinsèque des nouveaux modèles philanthropiques. Leur nouveauté réside plutôt dans l'attribution de subventions directes à de grandes entreprises grâce aux dons provenant d'organisations philanthropiques telles que la Fondation Bill et Melinda Gates. Cela nous amène à notre second point, où nous défendons l'idée selon laquelle la caractéristique la plus importante de la nouvelle philanthropie réside dans la façon dont les philanthrocapitalistes manient une rhétorique pro-marché pour conférer une certaine légitimité morale aux réglementations favorables aux entreprises et aux dépenses publiques qui exacerbent les inégalités économiques. Cette légitimité ne peut durer que tant que les conséquences négatives des transferts de richesse des fonds publics vers les entreprises sont stratégiquement ignorées. Nous postulons que les organisations philanthrocapitalistes remplissent une fonction épistémologique et moralisatrice qui soustrait à la vue du public les préjudices causés par les entreprises. En nous appuyant sur le concept d'autorité charismatique de Max Weber et sur les travaux de criminologues portant sur les « crimes des dominants », nous examinons comment et pourquoi une élite d'acteurs philanthropiques, dont l'existence et les agissements nuisent souvent au public, a réussi à présenter comme socialement bénéfique le recours à des solutions de marché en réponse à des problèmes humains. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This article has two main aims. First, we define and describe the notion of “philanthrocapitalism,” a global movement that purports to make philanthropy more effective by applying the market logic of the corporate sector to the charitable sector. In contrast to other analyses of philanthrocapitalism, we suggest that an increase in the scale of private disbursements is not the defining feature of new philanthropic models. What is new is the use of bequests from philanthropic organizations such as the Bill and Melinda Gates Foundation to directly subsidize large corporations. This point leads to our second main aim, which is to argue that the most important feature of the new philanthropy is the way that pro-market rhetoric espoused by philanthrocapitalists helps to confer moral legitimacy on pro-corporate government regulation and public spending that directly exacerbates economic inequality. Importantly, this moral legitimacy can only last as long as the negative effects of pro-corporate government wealth transfers on the public purse are strategically ignored. We suggest that philanthrocapitalist organizations perform an epistemological and moralizing function which renders corporate harms less apparent to the public. Drawing on Max Weber's concept of charismatic authority and on research by criminologists into social harms and crimes of the powerful, we explore how and why elite philanthropic actors, whose existence and actions often harm the public, have managed to successfully present the push for market solutions to human problems as socially beneficial. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POX_121_0029 |