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Titre ‪Dvorianskaia sobstvennost´ v Rossii 1700‑1762 gg.‪ : Rodovaia struktura, dinamika, otsenka stabil´nosti razvitiia*
Auteur Sergei V. Chernikov
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 59, no 1, janvier-juin 2018
Rubrique / Thématique
Articles
Page 37-92
Résumé Cet article étudie l'évolution de la propriété des nobles en Russie entre 1700 et 1762 sur la base des registres de fouages et des recensements de la population. Selon les calculs de l'auteur, 60 % des familles nobles n'étaient pas en mesure de conserver leur propriété et leurs serfs même sur deux à trois générations. En revanche, l'évolution du fonds patrimonial des 40 % restants, qui concentrait l'écrasante majorité des serfs (87‑94 %), était stable. L'analyse menée par l'auteur permet de conclure, pour la période étudiée, à une redistribution des terres au sein de la noblesse, les propriétés des familles les plus anciennes, celles dont les représentants avaient siégé à la Duma des bojare au xvii e, passant entre les mains de nouvelles familles qui n'avaient accédé à l'élite dirigeante qu'à l'époque pétrine, voire postpétrine. Cependant, même vers le milieu du xviii e siècle et malgré un marché foncier nobiliaire très actif, l'ancienne élite réussit à conserver une position prépondérante en la matière. Compte tenu des changements majeurs qui affectèrent la vie du pays durant la première moitié du xviii e siècle – réformes pétroviennes, mobilité sociale plus élevée (y compris parmi les élites), supression des distributions locales comme expression du soutien des autorités à la noblesse –, on peut considérer que, globalement, la situation foncière était très stable. Les données présentées dans cet article sont également importantes pour évaluer les relations mutuelles entre l'élite dirigeante et le monarque. Dans de nombreux ouvrages, qui qualifiaient la Russie d'État de « despotique » ou de « patrimoniale », l'accent était porté sur les mécanismes « répressifs » du contrôle exercé sur les élites par le pouvoir absolu. L'analyse menée dans l'article tend à prouver que confiscations et gratifications ne jouaient qu'un rôle insignifiant et que la redistribution du fonds patrimonial s'effectuait, pour l'essentiel, par le biais de contrats d'achat‑vente ou d'hypothèque relevant du droit privé. Ainsi les formes « douces » de contrôle de l'élite se révélaient efficaces. La couronne n'avait même pas besoin de recourir à des moyens extraordinaires, la structure patrimoniale de la propriété évoluait naturellement, en fonction de la composition de la couche dirigeante.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This study of the evolution of noble landholding in Russia between 1700 and 1762 draws on household and population censuses. Our calculations show that 60 percent of noble families could not even keep their estates and serfs for longer than two or three generations. On the other hand, the evolution of the patrimonial landholding of the remaining 40 percent, who owned the majority of serfs (87‑94 percent), was steady. Our study leads to the conclusion that, during the period in question, estates of older families, whose representatives had sat in the Boyar Duma in the seventeenth century, were transferred to new families whose representatives achieved senior ranks in the Petrine and post‑Petrine period. However, despite active movement in estates, the old elite managed to keep a leading position in terms of landownership even towards the mid‑eighteenth century. Considering the major changes that affected the country‪ ‪'‪ ‪s life during the first half of the eighteenth century ‪ ‪–‪ ‪ Peter‪ ‪'‪ ‪s reforms, the higher rate of social mobility, even among the elite, the discontinuation of service land grants, one may view the situation of patrimonial landholding as very stable. The data presented in the article also significantly contribute to the assessment of interrelationships between the leading elite and the monarch. Several works describing Russia as a “despotic” or “patrimonial” state put forward “repressive” control mechanisms over the elite. Our study shows that land confiscation and grants played but a minor role, and that redistribution of patrimonial landholding was mainly carried out using private law resources (sale/purchase contracts, mortgage). Therefore, “soft” forms of elite control were very efficient. The ruler did not need to resort to extraordinary means: the structure of landholding evolved naturally, adjusting to the composition of the higher ranks.‪
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_591_0037