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Titre Déconstruire la radicalisation : implications et limites de la notion
Auteur Marie Dumoulin
Mir@bel Revue Confluences Méditerranée
Numéro no 105, été 2018 États, nations, communautés
Rubrique / Thématique
Variations
Page 171-181
Résumé La notion de radicalisation s'est imposée dans le débat public mais sa définition continue de faire l'objet de débats qui témoignent de la relative imprécision des phénomènes qu'elle est censée décrire. Elle est en fait, par elle-même, porteuse d'au moins trois illusions d'optique : elle conduit à centrer le débat sur la place de l'élément religieux dans les phénomènes de radicalisation, donc à rendre au fond impossible une réflexion apaisée sur ces sujets ; elle suppose une forme de similitude entre les phénomènes qu'elle décrit, quel qu'en soit le contexte politique, social ou culturel, et occulte du même coup les dynamiques locales spécifiques et les profondes différences d'appréciation de ce que recouvre la « radicalité » d'une société à l'autre ; enfin elle présuppose une linéarité donc une nécessité dans le parcours des individus radicalisés, faisant de la récurrence de certains éléments de leurs profils des facteurs de causalité de leur engagement djihadiste. Mais la notion de radicalisation est aussi porteuse d'une conception du rapport entre la croyance et l'action qui tend à nier le caractère volontaire de l'engagement radical, faisant de l'individu le jouet d'idées qui lui seraient inculquées de l'extérieur – et pourraient par conséquent être combattues par un contre-discours, conçu comme l'antidote au poison radical. Ces limites implicites et impensées de la notion de radicalisation doivent inciter à définir et nommer précisément les phénomènes contre lesquels les politiques publiques peuvent et doivent intervenir.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=COME_105_0171