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Titre ‪Compter les morts aux frontières : des contre-statistiques de la société civile à la récupération (inter)gouvernementale‪
Auteur Charles Heller, Antoine Pécoud
Mir@bel Revue Revue Européenne des Migrations Internationales
Numéro vol. 33, no 2-3, 2017 Dire la violence des frontières. Mises en mots de la migration vers l'Europe
Rubrique / Thématique
Dossier thématique
Page 63-90
Résumé Cet article analyse la production de statistiques sur le phénomène des « morts aux frontières » dans la région euro-méditerranéenne, dans un contexte de crise des réfugiés qui voit des milliers de migrants mourir en tentant d'atteindre l'Europe. Ce travail de documentation et de collecte de données a été réalisé, depuis le début des années 1990, par la société civile et les associations de défense des migrants, dans le but de dénoncer le coût humain des politiques européennes de contrôle des frontières. Depuis 2013 cependant, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) produit également des statistiques à ce sujet (projet Missing Migrant). L'implication d'un acteur intergouvernemental dans un champ initialement occupé par les ONG change la nature et le sens politique de ces statistiques, d'une part parce que l'OIM joue elle-même un rôle important dans les politiques de contrôle des pays occidentaux et contribue donc à alimenter les prises de risques et les décès de migrants, et d'autre part parce cette organisation a pour principe de ne jamais critiquer ses États-membres, et tente donc de dépolitiser les chiffres sur les morts aux frontières en les isolant du contexte qui conduit à ce phénomène. Cet article analyse les raisons qui poussent l'OIM à reprendre à son compte ce comptage initié par la société civile et la manière dont cette activité s'insère dans ses stratégies et ses discours. Il interroge finalement les conséquences de l'implication de l'OIM pour la société civile et la manière dont il est possible de repolitiser cette activité statistique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article analyses the production of statistics on “deaths at the border” in the euro-Mediterranean region, in a context of crisis marked by the deaths of thousands of migrants trying to reach Europe. Statistics and data collection on this issue have, since the early nineties, been carried out by civil society groups and NGOs working on defending migrants' rights, with the purpose of denouncing the human cost of border control and of European immigration policies. Since 2013, however, the International Organization for Migration (IOM) has started to produce its own data on the topic as part of its ‪ ‪Missing Migrants Project‪ ‪. The implication of an intergovernmental organization in a field traditionally associated with civil society changes the political meaning of these statistics, first because IOM is also involved in assisting European states in controlling migration, and therefore in creating the conditions that incite migrants to take often deadly risks, and second because this organization never criticizes its member-states and therefore attempts to depoliticize migrant deaths by isolating them from their context. This article analyses the reasons behind IOM's counting of migrant deaths, and the way this activity fits into its strategies and discourses. It questions the ways in which civil society can react to this new context, and repoliticise the statistics on migrant deaths.‪
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=REMI_332_0063