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Titre Résistance aux grands projets et émergence d'un capital politique, le cas des déchets
Auteur Léa Sébastien
Mir@bel Revue L'Espace Politique
Numéro no 34, 2018/1 Crises et mutations contemporaines : approches géopolitiques et géoéconomiques + Varia
Rubrique / Thématique
Varia
Résumé Parmi les conflits environnementaux contemporains, ceux associés aux déchets sont les plus virulents car ils suscitent le plus souvent chez les acteurs locaux quatre type de sentiments simultanés : l'injustice, la peur, la méfiance, le dégout. L'annonce de la création d'une installation de gestion des déchets sur un territoire suscite alors de vifs mouvements d'opposition associés au NIMBY par les industriels, les médias et une partie de la communauté scientifique, un phénomène présenté comme un mouvement local privilégiant les libertés individuelles par rapport au bien commun. Toutefois, l'histoire est-elle toujours aussi simple ? Notre cas d'étude est un projet de décharge sur la commune rurale de St-Escobille, en Essonne. A partir de l'analyse de la construction, l'organisation et l'évolution du mouvement d'opposition, nous testons l'hypothèse selon laquelle résister aux déchets peut développer chez les militants un capital politique. Nous soutenons ici que c'est l'imbrication des quatre ressentis et leur inscription dans le temps qui permettent de dépasser le NIMBY pour mener à ce que nous nommons « résistance éclairée ». Nos résultats montrent que la méfiance se meut en capital social; la peur en capital savant; le dégout en capital patrimonial et l'injustice en capital politique. Certaines contestations locales, notamment sur la question des déchets, permettent alors d'enrichir la démocratie en la dotant de valeurs nouvelles et de questionenr la notion d'intérêt général.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Among contemporary environmental conflicts, those associated with waste are the most virulent as they arouse four types of simultaneous feelings among local actors: injustice, fear, mistrust, disgust. The announcement of the creation of a waste management facility on a territory then gives rise to strong opposition movements associated with the NIMBY phenomenon by industry, the media and part of the scientific community, presented as favoring individual interests against common good. However, is the story always so simple? Our case study is a landfill project in the village of St-Escobille, Essonne. From the analysis of the construction, the organization and the evolution of the opposition movement, we test the hypothesis that resistance to waste infrastructures can develop among opponents a political capital. We argue that it is the interweaving of the four feelings and their evolution throughout time that allow the movement to go beyond NIMBY towards what we call "enlightened resistance". Our results show that mistrust transforms into social capital; fear into cognitive capital; disgust into affective capital and injustice into political capital. Some local disputes, especially on the issue of waste, make it possible to enrich democracy by endowing it with new values and questioning the notion of general interest.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/espacepolitique/4774