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Titre L'entreprise et la fabrique du bien commun
Auteur LA TAILLE-RIVERO Marthe (de)
Mir@bel Revue Futuribles
Numéro no 426, septembre-octobre 2018
Page 27
Résumé En dépit des « œuvres sociales » développées dès le XIXe siècle par des entrepreneurs, taxés plus tard de « paternalisme », il fut longtemps considéré en France que le rôle des entreprises consistait quasi uniquement à faire des profits au bénéfice essentiel de leurs actionnaires, que tout ce qui relevait de l'intérêt collectif était du ressort presque exclusif de l'État. Mais cette répartition des rôles est peut-être en train de voler en éclats sous l'effet d'une multitude de facteurs. D'un côté, l'entreprise ne peut en effet plus ignorer les aspirations de son personnel à œuvrer au profit de finalités ayant un sens, ni les préoccupations de ses clients concernant les aspects éthiques, ni le fait qu'elle-même puise dans le bien commun (les ressources naturelles) et que ses activités peuvent être destructrices d'un écosystème dont la fragilité devient évidente… D'un autre côté, l'État, dont les ressources sont limitées, ne peut pas tout et n'a peut-être pas vocation à être le seul à prétendre incarner le bien commun. Ces observations nous amènent à lancer, sous la conduite de Marthe de La Taille-Rivero, une série d'articles publiés dans plusieurs numéros de Futuribles sur « l'entreprise et la fabrique du bien commun ».Il incombe donc tout naturellement à Marthe de La Taille-Rivero d'introduire cette série par un premier article relatant comment a germé en France, principalement après la Seconde Guerre mondiale, sous l'impulsion de quelques grands patrons et souvent sous l'influence des pays anglo-saxons, un certain souci du bien commun ; puis montrant l'accélération essentielle qui a été donnée à ce mouvement, à partir des années 1980, par Jacques Rigaud, président de l'Admical (l'Association pour le développement du mécénat industriel et commercial).Elle souligne aussi que si le soutien des entreprises a d'abord été ciblé sur des activités culturelles, leur champ d'intervention s'est ensuite considérablement diversifié pour s'étendre aux questions sociales, puis aux problèmes d'environnement et de développement durable, ainsi qu'aux enjeux de développement local. Son article indique également que leurs modes d'intervention ont eux-mêmes beaucoup évolué. Politique de responsabilité sociale et environnementale (RSE), politique de développement durable, mécénat, philanthropie… : tout cela ne participe-t-il que d'une politique de communication et d'image ou bien correspond-il à une profonde redistribution des rôles imposée, à une hybridation des fonctions porteuse d'un avenir différent du passé ? H.J.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Despite the “social welfare services” developed by entrepreneurs as early as the 19th century and later criticized as “paternalistic”, the view in France for many years was that it was virtually the exclusive role of enterprises to make profits for the benefit of their shareholders and that everything relating to the collective interest was almost exclusively the business of the state. However, this division of roles is perhaps being undermined today by a multitude of factors. On the one hand, enterprises can no longer ignore the aspirations of their staff to work for meaningful ends, nor the ethical concerns of their clients, nor the fact that they themselves draw on shared (natural) resources and their activities may be destructive of an ecosystem whose fragility is becoming clearly visible… On the other hand, states, which have limited resources, cannot do everything and are perhaps not meant to shoulder the burden of embodying the common good all on their own. These considerations lead to our having launched, under the direction of Marthe de La Taille-Rivero, a series of articles published over several issues of Futuribles on “Enterprises and Constructing the Common Good”.It falls, then, quite naturally to Marthe de La Taille-Rivero to introduce this series with a first article which shows how a certain concern for the common good took shape in France, mainly after the Second World War — a concern driven by some major employers and often influenced by the Anglo-Saxon countries and goes on to indicate the crucial additional impetus given to this movement from the 1980s onwards by Jacques Rigaud, the chair of Admical (Association for the Development of Industrial and Commercial Sponsorship).She also highlights how business support that was originally targeted towards cultural activities has diversified appreciably to take in social matters and, subsequently, problems of the environment and sustainable development, as well as local development issues. Her article also stresses that companies' modes of intervention have themselves changed a great deal over time, with the development of Corporate Social and Environmental Responsibility (CSER) and sustainable development policies, alongside sponsorship of the arts and philanthropy. Is all this just part of corporate communications and image creation or does it represent a profound, enforced redistribution of roles, a hybridization of functions pregnant with a future that is quite unlike the past ?
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=FUTUR_426_0027 (accès réservé)