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Revue | Futuribles |
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Numéro | no 426, septembre-octobre 2018 |
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- Trois chantiers d'avenir - JOUVENEL Hugues (de) p. 3
- Intelligence artificielle : opportunités et risques - PORTNOFF André-Yves, SOUPIZET Jean-François p. 5 L'intelligence artificielle (IA) bénéficie depuis quelque temps d'une attention sans précédent. Pourquoi ? Parce qu'elle accomplit un véritable bond en avant sous l'effet combiné de quatre facteurs : l'essor des communications permettant désormais, à l'échelle planétaire et à la vitesse de la lumière, de transporter toutes les formes d'expression, la puissance de calcul (qui se mesure en millions de milliards d'opérations par seconde), l'explosion des données disponibles et le progrès des algorithmes apprenants. Ainsi, affirment André-Yves Portnoff et Jean-François Soupizet, émerge tout un écosystème nouveau.Quelles peuvent être les applications de l'IA ? Elles sont déjà innombrables, allant de la traite des chèvres aux services bancaires en passant par les véhicules autonomes, le marketing numérique, les villes intelligentes, la santé, les sabotages… Certains experts, tenants de la « singularité technologique », vont même jusqu'à penser que l'IA pourrait prendre le contrôle de la planète, une affirmation ici fermement contestée par nos auteurs qui, cependant, soulignent combien la répartition des rôles entre les hommes et les machines exige d'être repensée, tout comme la relation entre eux. Ils signalent, au demeurant, que la diffusion de l'IA dans les entreprises n'est pas aussi avancée que cela ; car elle impliquerait de profonds changements dans les formes d'organisation, de management…, bref, une révolution culturelle qui ne progresse pas au rythme des techniques ! Parlant cette fois des acteurs, ils soulignent le conflit opposant les nouveaux entrants (les géants de l'Internet américains et chinois) et les entreprises traditionnelles, ainsi que les États dont la souveraineté se trouve sérieusement entamée ; mais ces derniers peuvent demain découvrir dans l'IA les moyens d'une nouvelle puissance, pour le meilleur comme pour le pire…André-Yves Portnoff et Jean-François Soupizet, se fondant, pour la rédaction de cet article, sur une Analyse prospective destinée aux membres de l'association Futuribles International, se risquent ici à esquisser quelques futurs possibles, non des scénarios à proprement parler, mais des modèles contrastés : celui du « panoptique numérique privatisé », marqué par la suprématie des géants du numérique ; celui du « panoptique numérique étatisé », illustré par la collusion d'intérêts entre les géants de l'informatique et le pouvoir politique chinois ; celui « long-termiste éclairé » ; et celui « des criminalités numériques ». Ce faisant, les auteurs montrent une fois de plus combien les technologies sont à double tranchant et combien notre responsabilité, notamment celle des Européens, est importante à l'heure de choix qui, sans nul doute, engageront l'avenir pour longtemps. H.J.For some time now, artificial intelligence (AI) has been receiving unprecedented attention. Why is this ? Because it is making a genuine leap forward as a combined result of four factors : the rapid advance in communications that sends all forms of expression hurtling across the planet at the speed of light, computer processing power (now measured in quadrillions of operations per second), the explosion of available data and the progress of machine learning. Hence, as André-Yves Portnoff and Jean-François Soupizet assert, a whole new ecosystem is emerging. What might the applications of AI be ? There are already countless possible uses, ranging from the milking of goats, banking services, autonomous vehicles, digital marketing and smart cities to health and sabotage… Some experts who subscribe to the “technological singularity” theory even believe that AI could take over the planet, an assertion staunchly contested here by our authors who do, however, stress how much the division of roles between men and machines needs to be rethought, as does the relationship between them. They also point out, incidentally, that the spread of AI within businesses hasn't gone as far as all that, since that would imply profound changes in forms of organization and management — in short, a cultural revolution, and culture does not move at the same pace as technological advance ! Turning to the question of the players involved, they stress the conflict between the new entrants (the American and Chinese Internet giants) and traditional companies, together with states whose sovereignty is seriously impaired as a result ; but these latter may discover that AI affords them the means to restore their power, for better or for worse, in years to come. Drawing in this article on a foresight analysis carried out for the members of the Futuribles International association, André-Yves Portnoff and Jean-François Soupizet venture to outline a number of possible futures. These are not scenarios properly so-called, but contrasting models. They include the “privatized digital panopticon”, characterized by the supremacy of the digital giants ; the “statized digital panopticon”, which would see the Chinese regime and the IT giants coming together in their own shared interest ; the “enlightened long-termist” model ; and that of “digital criminalities”. In doing so, the authors show once again how technologies are double-edged and how it is important that we — and particularly we Europeans — take responsibility when choices are being made that will undoubtedly shape the future for many years to come.
- L'entreprise et la fabrique du bien commun - LA TAILLE-RIVERO Marthe (de) p. 27 En dépit des « œuvres sociales » développées dès le XIXe siècle par des entrepreneurs, taxés plus tard de « paternalisme », il fut longtemps considéré en France que le rôle des entreprises consistait quasi uniquement à faire des profits au bénéfice essentiel de leurs actionnaires, que tout ce qui relevait de l'intérêt collectif était du ressort presque exclusif de l'État. Mais cette répartition des rôles est peut-être en train de voler en éclats sous l'effet d'une multitude de facteurs. D'un côté, l'entreprise ne peut en effet plus ignorer les aspirations de son personnel à œuvrer au profit de finalités ayant un sens, ni les préoccupations de ses clients concernant les aspects éthiques, ni le fait qu'elle-même puise dans le bien commun (les ressources naturelles) et que ses activités peuvent être destructrices d'un écosystème dont la fragilité devient évidente… D'un autre côté, l'État, dont les ressources sont limitées, ne peut pas tout et n'a peut-être pas vocation à être le seul à prétendre incarner le bien commun. Ces observations nous amènent à lancer, sous la conduite de Marthe de La Taille-Rivero, une série d'articles publiés dans plusieurs numéros de Futuribles sur « l'entreprise et la fabrique du bien commun ».Il incombe donc tout naturellement à Marthe de La Taille-Rivero d'introduire cette série par un premier article relatant comment a germé en France, principalement après la Seconde Guerre mondiale, sous l'impulsion de quelques grands patrons et souvent sous l'influence des pays anglo-saxons, un certain souci du bien commun ; puis montrant l'accélération essentielle qui a été donnée à ce mouvement, à partir des années 1980, par Jacques Rigaud, président de l'Admical (l'Association pour le développement du mécénat industriel et commercial).Elle souligne aussi que si le soutien des entreprises a d'abord été ciblé sur des activités culturelles, leur champ d'intervention s'est ensuite considérablement diversifié pour s'étendre aux questions sociales, puis aux problèmes d'environnement et de développement durable, ainsi qu'aux enjeux de développement local. Son article indique également que leurs modes d'intervention ont eux-mêmes beaucoup évolué. Politique de responsabilité sociale et environnementale (RSE), politique de développement durable, mécénat, philanthropie… : tout cela ne participe-t-il que d'une politique de communication et d'image ou bien correspond-il à une profonde redistribution des rôles imposée, à une hybridation des fonctions porteuse d'un avenir différent du passé ? H.J.Despite the “social welfare services” developed by entrepreneurs as early as the 19th century and later criticized as “paternalistic”, the view in France for many years was that it was virtually the exclusive role of enterprises to make profits for the benefit of their shareholders and that everything relating to the collective interest was almost exclusively the business of the state. However, this division of roles is perhaps being undermined today by a multitude of factors. On the one hand, enterprises can no longer ignore the aspirations of their staff to work for meaningful ends, nor the ethical concerns of their clients, nor the fact that they themselves draw on shared (natural) resources and their activities may be destructive of an ecosystem whose fragility is becoming clearly visible… On the other hand, states, which have limited resources, cannot do everything and are perhaps not meant to shoulder the burden of embodying the common good all on their own. These considerations lead to our having launched, under the direction of Marthe de La Taille-Rivero, a series of articles published over several issues of Futuribles on “Enterprises and Constructing the Common Good”.It falls, then, quite naturally to Marthe de La Taille-Rivero to introduce this series with a first article which shows how a certain concern for the common good took shape in France, mainly after the Second World War — a concern driven by some major employers and often influenced by the Anglo-Saxon countries and goes on to indicate the crucial additional impetus given to this movement from the 1980s onwards by Jacques Rigaud, the chair of Admical (Association for the Development of Industrial and Commercial Sponsorship).She also highlights how business support that was originally targeted towards cultural activities has diversified appreciably to take in social matters and, subsequently, problems of the environment and sustainable development, as well as local development issues. Her article also stresses that companies' modes of intervention have themselves changed a great deal over time, with the development of Corporate Social and Environmental Responsibility (CSER) and sustainable development policies, alongside sponsorship of the arts and philanthropy. Is all this just part of corporate communications and image creation or does it represent a profound, enforced redistribution of roles, a hybridization of functions pregnant with a future that is quite unlike the past ?
- Pour une réforme de l'entreprise. Création de valeur actionnariale et création de valeur globale - LANDIER Hubert p. 41 L'entreprise n'a pas véritablement de statut juridique en France ; son statut est, le plus souvent, celui d'une société commerciale qui ne lui assigne qu'une seule finalité, celle de faire du profit au bénéfice de ses actionnaires. Ce phénomène résulte, explique Hubert Landier, de la préoccupation dominante accordée au XVIIIe siècle à la propriété et à la liberté du commerce, à l'existence à l'époque essentiellement de petits ateliers développés sur des bases familiales. Pourtant, l'entreprise représente une somme de compétences, de savoir-faire, de métiers développés grâce à ses collaborateurs (salariés ou non), prestataires, sous-traitants, clients, dont le rôle essentiel mérite considération. D'où l'essor de la responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) et, plus récemment, du « dialogue social ».Au travers du dialogue social, des progrès ont été accomplis, par exemple pour instaurer un meilleur équilibre entre actionnaires et salariés, voire une certaine éthique dans les relations entre parties prenantes. Mais cela ne suffit pas, surtout alors que les collaborateurs sont de plus en plus regardants sur leurs conditions de travail, que les clients sont de plus en plus vigilants vis-à-vis de la façon dont sont produits les biens et services, que l'entreprise se trouve interpellée quant à son impact sur l'environnement, qu'elle privilégie à l'excès le seul profit à court terme de ses actionnaires au détriment de toutes les autres considérations.Une réforme de l'entreprise s'impose donc en France, dont il n'a plus guère été question depuis bien longtemps et alors même que la financiarisation a pris une importance dont nous avons vu les ravages en 2007-2008. Telle a été la raison du rapport commandé à Nicole Notat et Jean-Dominique Senard1, et désormais du projet de loi PACTE (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) qui sera en principe examiné cet automne par le Parlement. Mais, rappelle ici Hubert Landier, « on ne change pas la société par décret » (Michel Crozier) ; ce sont les comportements qu'il s'agit de faire évoluer, notamment de ceux en charge de la gouvernance des entreprises et de tous ceux participant à l'œuvre collective. Il s'agit en vérité de passer d'une logique de création de valeur exclusivement actionnariale à une logique de création de valeur globale. Un vaste chantier ! H.J.Enterprises do not really have a legal status as such. Their status is, most often, that of a commercial company, which assigns them only one purpose : to make profit for their shareholders. This state of affairs results, as Hubert Landier explains, from the dominant 18th-century concern with property, freedom of trade and the predominance at the time of small workshops run along family lines. However, enterprises are made up of a range of skills, expertise and occupational abilities developed by their workers (waged or otherwise), service-providers, subcontractors and clients, whose essential role is well worthy of consideration. Hence the emergence of the idea of “corporate social responsibility” (CSR) and, more recently, of “social dialogue”.Through social dialogue, progress has been made, for example, to achieve a better balance between shareholders and employees, if not indeed a measure of ethics in relations between stakeholders. But this is not sufficient, particularly when, as workers are increasingly particular about their working conditions, clients increasingly vigilant about how goods and services are produced, and enterprises under scrutiny for their environmental impact, they set excessive store by the short-term profit of their shareholders to the detriment of all other considerations. A reform of the enterprise is therefore necessary in France, a reform which has been little discussed for many years, even though financialization has increased enormously in scope, producing the devastating effects that we saw in 2007-8. This was the reason for the report commissioned from Nicole Notat and Jean-Dominique Senard, L'Entreprise, objet d'intérêt collectif [The Enterprise, an Object of Collective Concern] and now for the draft PACTE law (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises : Action Plan for the Growth and Transformation of Enterprises) which is due to go before the French parliament in Autumn. However, as Hubert Landier reminds us here, “you do not change society by decree” (Michel Crozier) ; it is behaviour that has to be modified, particularly the behaviour of those in charge of the governance of enterprises and of all those participating in the collective endeavour. What is actually at stake is a shift from a logic of creating exclusively shareholder value to a logic of creating value for all. An immense undertaking !
- L'essor des populismes. Origines et particularités des mouvements populistes : leur succès politique - WALLARD Henri p. 55 L'essor des mouvements populistes, notamment dans les pays occidentaux supposés incarner l'idéal démocratique, voire l'arrivée au pouvoir de certains de leurs leaders suscitent légitimement une vive inquiétude et bien des questions : comment expliquer ce phénomène ? Quelles sont les caractéristiques communes à ces mouvements et, inversement, qu'est-ce qui fait leur spécificité dans les différents pays ? Tel est le premier thème retenu pour faire suite à l'accord de coopération établi à l'initiative de Najat Vallaud-Belkacem entre Ipsos, dont elle est directrice générale déléguée « Études internationales et innovation sociale », et la revue Futuribles.L'article d'Henri Wallard, s'appuyant sur les enquêtes et études de l'institut Ipsos, rappelle d'abord ce que recouvre ce terme. Puis il montre que si les populismes possèdent des traits communs et fondent leur action sur certains thèmes de prédilection, ils sont néanmoins très divers et doivent être analysés en tenant compte de l'histoire, de la culture, du contexte socio-économique et politique propre à chaque pays. En témoignent, selon l'auteur, les cas analysés ici des États-Unis, de l'Italie et du Royaume-Uni.« Il n'y a pas, écrit Henri Wallard, de montée du populisme mais plutôt émergence de différents mouvements populistes particuliers. » Ce n'est toutefois pas une raison pour sous-estimer le danger qu'ils représentent. H.J.The rise of populist movements — particularly in Western countries that are supposed to embody the democratic ideal — and, indeed, the accession to power of some of their leaders, are rightly prompting serious concern and much soul-searching. How are we to explain this phenomenon ? What features are shared by these movements and, conversely, what constitutes their special nature in the various countries ? This is the first theme that has been chosen to give substance to the cooperation agreement established, on the initiative of Najat Vallaud-Belkacem between Ipsos, of which she is general director with responsibility for “International Research and Social Innovation”, and Futuribles. This article by Henri Wallard, which draws on surveys and studies carried out by the Ipsos institute, begins by reminding us what the term populism covers. He then shows that, though populisms have common features and base their action on certain preferred themes, they are nonetheless very diverse and have to be analysed with an eye to the history, culture and socio-economic and political context of each country. This is borne out, Wallard argues, by the cases analysed here — the USA, Italy and the UK.“There is no rise of populism,” writes Wallard, “but rather an emergence of different individual populist movements.” This is not, however, a reason to underestimate the danger they represent.
Futurs d'antan
- L'utopie marxienne de la société communiste - CAILLEBA Patrice p. 75 Qui a écrit que « personne n'est enfermé dans un cercle exclusif d'activités et [que] chacun peut se former dans n'importe quelle branche de son choix » ? « Que c'est la société qui règle la production générale et qui me permet ainsi de faire aujourd'hui telle chose, demain une autre, de chasser le matin, de pêcher l'après-midi, de m'occuper d'élevage le soir et de m'adonner à la critique après le repas » ? Il s'agit de Karl Marx dont nous célébrons cette année le bicentenaire de la naissance, un auteur dont l'œuvre imposante décrivit si pertinemment les combats à mener sans finalement, souligne Patrice Cailleba, fournir beaucoup d'indications sur sa représentation d'une société souhaitable, qui reproche d'ailleurs aux socialistes de l'époque leurs « peintures imaginatives de la société future » en les qualifiant d'utopiques, sinon de réactionnaires.Karl Marx méritait bien un « futur d'antan » comme en témoigne ici l'analyse de Patrice Cailleba qui, s'appuyant sur les œuvres postérieures à 1845, présente ici, sous une forme synthétique, certains aspects particulièrement saisissants de sa pensée concernant le système de production (notamment l'abolition de la propriété privée au profit d'une propriété collective) et, une fois la production suffisante, sa recommandation d'en distribuer les fruits de manière équitable (à « chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins »). La pertinence et l'actualité de certaines des mesures préconisées ne manqueront pas de frapper nos lecteurs. H.J.Who was it who wrote that, “Nobody has one exclusive sphere of activity but each can become accomplished in any branch he wishes” ? And that “society regulates the general production and thus makes it possible for me to do one thing today and another tomorrow, to hunt in the morning, fish in the afternoon, rear cattle in the evening, criticise after dinner” ? The answer is Karl Marx, the bicentenary of whose birth we celebrate this year, and an author whose imposing body of work offered such an apt description of the struggles that needed pursuing, without however, as Patrice Cailleba highlights, providing many pointers to what a desirable society would look like. And who criticized the socialists of his day for their “fantastic pictures of future society”, condemning these as utopian, if not indeed reactionary. Karl Marx is a worthy subject for a “Future of Yesteryear” article, as Cailleba's analysis demonstrates here. Basing himself on Marx's post-1845 writings, he presents, in summary form, some particularly striking aspects of Marx's thought with regard to the system of production (in particular, the abolition of private property and its replacement by collective ownership) and his recommendation that, once a sufficient level of production had been achieved, the fruits of that production should be distributed equitably (“from each according to his ability, to each according to his needs”). Our readers will undoubtedly be struck by the aptness and topicality of some of the measures he advocated.
- L'utopie marxienne de la société communiste - CAILLEBA Patrice p. 75
Tribune européenne
- L'Europe malade de ses États membres - DREVET Jean-François p. 85 Dans le contexte de montée des populismes en Europe (que les élections italiennes ont récemment illustrée) et de désengagement du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'édifice européen est mis à rude épreuve, ce en dépit des efforts de relance engagés par la France et le président de la Commission européenne fin 20171. Pourtant, dans bien des cas, les institutions européennes sont nettement plus qualifiées et potentiellement plus efficaces que les gouvernements nationaux pour résoudre les problèmes ou faire progresser les sociétés européennes. C'est ce que montre cette tribune qui souligne combien l'attitude de « cavalier seul » de certains États membres peut se révéler dommageable, y compris pour ceux qui la pratiquent. Jean-François Drevet s'appuie ici sur trois dossiers emblématiques : la lutte contre le dumping fiscal, la prise en charge de l'immigration illégale et le protectionnisme économique. Dans ces trois cas, il est manifeste, selon lui, que l'Union européenne est bien davantage la solution que la source des problèmes, mais les États membres peuvent-ils l'entendre ? S.D.In the context of a rise of populisms in Europe (recently exemplified in the Italian elections) and of UK withdrawal from the European Union, the European project is under great strain, despite the efforts in late 2017 by France and the president of the European Commission to give it a boost. Yet, in many cases, the European institutions are distinctly more able than national governments to resolve problems or bring progress to European societies, and potentially more efficient at doing so. This is what emerges from this column, which stresses how much the “go-it-alone” attitude of certain member states can turn out to be harmful, including for those who adopt it. Jean-François Drevet draws here on three emblematic ranges of issues : the struggle against fiscal dumping, coping with illegal immigration and economic protectionism. In all three cases, it is clear, as he sees it, that the European Union is much more the solution than the source of problems, but can the member states grasp this ?
- L'Europe malade de ses États membres - DREVET Jean-François p. 85