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Titre ‪De la Roumanie à l'Allemagne, la fremde Heimat de Herta Müller‪
Auteur Sylvaine Faure-Godbert
Mir@bel Revue Germanica
Numéro no 62, 2018 Échanges et transferts culturels entre la Roumanie et les pays germanophones de 1880 à nos jours
Rubrique / Thématique
La littérature allemande de Roumanie, de Paul Celan à Herta Müller
Page 111-125
Résumé Née en 1953 en Roumanie au sein de la minorité germanophone des Souabes du Banat, réfugiée en Allemagne depuis 1987, Herta Müller se trouve à la croisée des identités et des cultures. Pour des raisons qui tiennent à sa biographie mais aussi au mode de perception qu'elle revendique, elle ne saurait faire sienne la notion de Heimat. Instrument d'oppression de l'individu mis au service d'un refoulement collectif, elle constitue pour elle, dans sa composante souabe comme roumaine, un lieu dans lequel on ne peut pas vivre. Elle tient de plus la Fremdheit pour un mode idéal de relation au monde, sapant ainsi a priori la possibilité d'une quelconque appartenance.Cette Heimat qu'elle exècre s'impose cependant dans son œuvre comme un noyau vide à partir duquel elle redéfinit, au fil de son histoire, ce que signifient pour elle l'appartenance, l'exil, la Heimatlosigkeit, le mal du pays, etc. Car c'est précisément le fait d'évider sans cesse cette notion qui rend d'autant plus nécessaire ce réajustement permanent. Et de même que le « regard étranger » qu'elle porte sur le monde préexiste à l'exil, la Roumanie demeure « l'arrière-pensée » de tout ce qu'elle perçoit en Allemagne.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Born in 1953 in Romania among the German-speaking Banat Swabian minority, Herta Müller took refuge in Germany in 1987 and has been standing at the crossroads of identities and cultures. Due to biographical reasons as much as the mode of perception she champions, she cannot appropriate the notion of Heimat. Be it used by Swabians or Romanians, this tool that oppresses individuals and favours collective psychological repression constitutes for her a place that cannot be inhabited. She also considers Fremdheit as an ideal way to relate to the world and therefore a priori undermines any possible belonging.As loathsome as Heimat is to her, it remains at the core of her works. It is the empty kernel from which, in the course of her story, she redefines belonging, exile, Heimatlosigkeit, homesickness, etc. For it is precisely the continuous emptying out of this notion that makes a reworking of every other definition all the more necessary. In the same way as her “foreign vision” of the world pre-exists exile, Romania remains “in the back of her mind” and influences all her perceptions in Germany.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GERMA_062_0111