Titre | « Pris en flagrant délit » : ces lieux hantés par l'interdit dans La bascule du souffle de Herta Müller | |
---|---|---|
Auteur | Michel Mallet | |
Revue | Germanica | |
Numéro | no 62, 2018 Échanges et transferts culturels entre la Roumanie et les pays germanophones de 1880 à nos jours | |
Rubrique / Thématique | La littérature allemande de Roumanie, de Paul Celan à Herta Müller |
|
Page | 127-140 | |
Résumé |
Que ce soit dans ses récits autobiographiques ou dans son œuvre de fiction, l'interdit se retrouve souvent au cœur des thématiques abordées par Herta Müller. Celui-ci – par nature étroitement lié à la tradition, à la morale et aux lois – est couramment contextualisé et associé au concept identitaire propre aux cultures germanophones que l'on appelle Heimat. Espace à la fois sentimental et physique prônant la normativité, la Heimat que décrit Müller dans ses œuvres se veut aussi un lieu où règnent les divisions, notamment celles liées aux discours opposant le bien et le mal, le permis et le proscrit, la vérité et le mensonge. Toutefois, au risque de se voir menacés, punis, voire exclus de leur communauté, rares sont les protagonistes de Müller qui se plient au protocole de conduite construit et prescrit par la Heimat. Reflétant l'expérience de l'auteur comme victime de dictature et de surveillance, les personnages romanesques de Müller sont eux aussi prédestinés à la clandestinité, à un mode de vie marginal à la fois préventif et stratégique qui entraîne peur et hantise. Bien que les caractéristiques associées au phénomène de l'interdit occupent une place de prédilection dans les romans de Müller, la corrélation liant l'espace, la clandestinité et la surveillance est particulièrement visible dans son roman La Bascule du souffle, où l'identité refoulée et les vices cachés du protagoniste Léo Auberg font de lui une proie des mécanismes de surveillance de la Heimat. Incapable de résister à la tentation des désirs, il est à la fois obsédé par l'angoisse de dévoiler son homosexualité et leurré par les lieux de l'interdit qu'il ne peut s'empêcher de fréquenter, malgré la menace constante qui le surveille, ce risque d'être pris en flagrant délit. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
Inherently related to tradition, morality and the law, the forbidden is a theme often found at the core of Herta Müller's texts. As such, it is often contextualized and associated with the German notion of Heimat in her essays and works of fiction. As a sentimental and territorial space built on normative binaries, Heimat is portrayed here as a regressive social construct where divisions reign, especially when these are linked to discourses revolving around antagonistic concepts such as good and evil, truth and lies, the permitted and the forbidden. As dissidents, Müller's protagonists rarely remain compliant to the Heimat's constructed and prescribed protocol of conduct, despite the risk of being threatened, punished or even excluded from their community. Reflecting the author's own experience as a victim of dictatorship and surveillance, Müller's fictional characters seem predestined for clandestinity, a marginal way of life that is both preventive and strategic, and which often leads to sentiments of fear and rejection. Although manifestations of the forbidden are present in all of Müller's novels, the correlation linking space, clandestinity and surveillance is, however, particularly visible in her novel The Hunger Angel, where the protagonist's repressed identity and hidden vices make him a prey to the monitoring mechanisms of the Heimat. Unable to resist the temptation of desires, he is haunted by the fear of being persecuted for his sexual orientation, yet also drawn to forbidden places that, much to his own dismay, tempt and lurre him, in spite of the constant risk of being monitored, or worse, of “being caught in the act”. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GERMA_062_0127 |