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Titre Tous les « terroristes » sont de Majengo, à Nairobi : spatialités contestées du « terrorisme » dans les discours anti-radicalisation au Kenya
Auteur Halkano Abdi Wario, Hélène Baillot, Raphaël Botiveau
Mir@bel Revue Politique africaine
Numéro no 149, 2018/1 Radicalisations, science et politique
Rubrique / Thématique
Le dossier - Radicalisations, science et politique
Page 67-88
Résumé Au Kenya, certains quartiers de Nairobi et de Mombasa sont considérés comme des espaces de radicalisation, de recrutement, de menaces terroristes. La construction délibérée de ces zones en territoires d'insécurité urbaine est un phénomène pour lequel organisations non gouvernementales, agences de donateurs et appareils de sécurité publics et privés jouent un rôle essentiel, par le biais de stratégies antiterroristes communément appelées Countering Violent Extremism (Combattre l'extrémisme violent, CVE). Prenant Majengo, un quartier pauvre de Nairobi, comme cas d'étude, cet article interroge la manière dont l'histoire de cette périphérie et sa représentation actuelle comme point chaud du « terrorisme » sont ancrées dans la planification urbaine ségréguée datant de la colonisation, les déplacements indigènes et le développement de Majengo en un lieu de prostitution, de violence de gangs urbains et d'indigence bien avant que (la guerre contre) le terrorisme n'arrive au Kenya dans les années 1990. Cet article explore la manière dont médias et acteurs institutionnels ont créé et soutenu ce récit du terrorisme. Il interroge enfin les voies par le biais desquelles les populations dites suspectes de ces quartiers tentent de renégocier et d'imaginer leurs espaces de vie quotidiens face à l'industrie des CVE qui fait de leur foyer et de leur quartier des pépinières du terrorisme.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais In Kenya, certain urban estates in Nairobi and Mombasa have been cast as spaces of radicalisation, recruitment into terrorist networks, and threats or attacks by terrorist groups. The deliberate construction of these estates as territories of urban insecurities is a phenomenon in which local and international Non-Governmental Organisations, donor agencies, and private and public security apparatuses play an essential role through their softer counter-terrorism strategies popularly called Countering Violent Extremism (CVE). Taking Nairobi's Majengo as an example, this article interrogates how the history of this suburb and its current representation as a hotspot of “terror” is entrenched in segregative colonial urban planning, indigenous displacement and its eventual rise as den of prostitution, urban gang violence and destitution long before (war on) terrorism came to Kenya in the 1990s. It explores how the media and institutional actors have created and sustained the narrative of terror. It finally interrogates how the so-called suspect populations residing in these estates renegotiate and imagine their everyday spaces and lives with regards to the CVE industry and the ways it construct their homes and neighbourhoods as hotbeds of terror.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=POLAF_149_0067