Titre | « Physique de la pensée » et « anti-humanisme théorique » : le « Spinoza » de Zourabichvili face à celui d'Althusser | |
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Auteur | Raphaël Chappé | |
Revue | Astérion | |
Numéro | no 19, 2018 Spinoza : entre anthropologie et psychologie | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Résumé |
L'objet de cet article est de comparer deux approches de Spinoza mises en place par les philosophes français Louis Althusser et François Zourabichvili. Malgré les écarts substantiels entre ces approches, il existe entre elles des convergences significatives. Celles-ci tiennent d'une part à la lecture anti-humaniste de Spinoza par ces deux philosophes, c'est-à-dire au refus de poser un sujet maître et auteur de ses pensées et de ses actes, concept premier pour forger une essence normative de l'homme. Il y a d'autre part convergence entre ces deux philosophes en raison de leur conception de la vie psychique : une conception spinoziste, voire une conception qui prolonge le spinozisme. La philosophie française – Canguilhem après Politzer – a formulé un ensemble de reproches à l'encontre de la psychologie. Or Spinoza fournit, dans une démarche actualisante, des outils critiques contre toutes les formes de précipitation psychologique. Et en même temps, il indique, de l'intérieur de la philosophie, une voie permettant de cerner la vie psychique dans son mouvement propre. Il ne s'agit donc pas d'un réductionnisme : les phénomènes psychiques ont une existence spécifique, une teneur qui les fait résister à un enrégimentement trop rapide sous la juridiction d'une cause externe et hétérogène. Zourabichvili et Althusser réinvestissent alors – chacun à sa façon – l'articulation spinozienne entre contestation des prérogatives du sujet moderne et identification d'un domaine psychique irréductible. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
This article compares the two approaches to Spinoza by French philosophers Louis Althusser and François Zourabichvili. In spite of substantial differences between these approaches, they also display significant areas of convergence. This convergence is seen first in the antihumanist reading of Spinoza operated by both philosophers, that is, the refusal to posit a subject, both master and source of its thoughts and actions, as a primal concept to forge a normative essence of man. There is also convergence between the two philosophers in their conception of psychic life that is specifically Spinozist or perhaps that goes beyond Spinozism. French philosophy –Canguilhem after Politzer– has formulated a number of criticisms of psychology. But Spinoza gives, in an actualising method, critical tools against all forms of psychological precipitation. At the same time, it shows within philosophy a way that makes possible a delimitation of psychic life within its own movement. It is therefore not a form of reductionism: psychic phenomena have a specific existence, a substance that allows them to resist too hasty a subordination to the jurisdiction of an external and heterogeneous cause. Zourabichvili and Althusser therefore reinvest, each in his own way, the Spinozist articulation between criticism of the prerogatives of the modern subject and identification of an irreducible psychological domain. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/asterion/3457 |