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Titre Leibniz et les questions de l'ontologie juridique : la science, les règles et le concept du droit
Auteur Mate Paksy
Mir@bel Revue Astérion
Numéro no 19, 2018 Spinoza : entre anthropologie et psychologie
Rubrique / Thématique
Varia
Résumé L'originalité de l'ontologie leibnizienne réside dans le fait que sa philosophie du droit constitue une grande synthèse philosophique des juristes humanistes. Quant à la question de la place de la « science juridique » chez Leibniz, elle se trouve en réalité à tous les niveaux de son édifice métaphysique : l'omniprésence non seulement de références au droit et à la justice, mais aussi d'arguments d'ordre normatif est évidente. Chez Leibniz, la science juridique ne constitue pas un domaine autonome par rapport aux autres disciplines des sciences humaines, et il serait par conséquent vain d'essayer de dégager des lignes de démarcation strictes. Par son objet – l'ordre des règles « vérités » –, la science juridique s'inscrit parfaitement dans l'idée selon laquelle l'objet de la démonstration scientifique est la vérité. En vertu de cette doctrine, Leibniz identifie les éléments du système juridique existant comme droit positif et droit naturel, comme vérités contingentes (ou historiques) et vérités éternelles. Nous pensons que cette théorie de la norme juridique présente les caractéristiques d'une ontologie « hylétique ». Le droit naturel se veut un ensemble de vérités jugées « nécessaires », mais dépourvues de force obligatoire, contrairement à l'ontologie volontariste où les règles de droit équivalent aux commandements d'un souverain hiérarchiquement supérieur. Le critère de la normativité réside dans la rationalité ; les règles juridiques ne sont ni « valides » ni « obligatoires », mais plutôt « nécessaires » et « vraies ». Un des défis les plus intéressants pour les études juridiques leibniziennes consiste à démontrer l'harmonie entre le système juridique rationnel et le cas perplexe irrationnel.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais The originality of Leibniz's ontology rests on the fact that his legal philosophy consists of a great philosophical synthesis of legal humanism. As far as the question of delimiting the legal domain is concerned, “legal science” is actually ubiquitous in Leibniz's metaphysical edifice: its omnipresence is evident not only when law and justice are referred to, but also in relation to the arguments on normative order. In our view, in Leibniz legal science does not constitute an autonomous field, clearly separated from other branches of the humanities. By its very subject –the order of legal rules as “truths”– legal science is inscribed perfectly in the idea according to which the subject of scholarly demonstration is truth. By virtue of this theory, Leibniz determines the elements of a legal system that exist as positive, and natural law as contingent (or historical) and eternal truths. We believe this theory of legal norms showcases the characteristics of a “hyletic” ontology. Leibniz's doctrine of natural law is indeed tantamount to a mass of truths deemed “necessary”, but deprived of obligatory force; this is unlike voluntarist ontology, according to which the rules of law are equivalent to the commands of a hierarchically superior sovereign. One of the most interesting challenges in Leibniz legal scholarship lies in displaying the harmony between the rational legal system and the irrational perplexities.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/asterion/3573