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Titre Afrique tropicale : de l'échec de la « révolution verte » à la « révolution doublement verte » (Tropical Africa : from the "green revolution" failure to the "doubly green revolution")
Auteur Jean-Pierre Raison
Mir@bel Revue Bulletin de l'Association de Géographes Français
Numéro no 1997/4 Analyse spatiale. Agriculture et espaces ruraux
Rubrique / Thématique
II. Mutations des agricultures et des espaces ruraux (Agricultures and rural areas changes)
Page 423-433
Résumé Résumé. - Pourquoi, à la différence de l'Asie, l'Afrique tropicale n'a-t-elle pas participé à la Révolution verte, fondée sur l'usage de variétés de céréales à haut rendement ? Ce n'est pas un refus du progrès, mais parce que l'évolution proposée à la fin des années soixante n'entrait ni dans les objectifs ni dans les possibilités des agricultures africaines. La Révolution verte était une opération d'intensification ; or, en raison de la forte croissance démographique, la main-d'œuvre était proportionnellement rare dans les exploitations, qui se multipliaient : la stratégie était donc d'extensification, pour valoriser le travail et contrôler le maximum de terre. Une seule expérience systématiquement conduite, en Zambie, pour la production de maïs, dans les années 80, permise un temps par les hauts cours du cuivre, a été un échec économique, mais elle a montré la réaction positive des paysans quand ils y trouvaient leur intérêt. Aujourd'hui l'intensification devient nécessaire dans maintes régions, mais de multiples obstacles, qui relèvent des «encadrements », empêchent une Révolution verte : manque d'infrastructures d'irrigation, mais aussi manque de circuits efficaces de commercialisation et de fourniture d'intrants, trop coûteux, absence de prix garantis. L'orientation libérale imposée aux économies est un obstacle majeur pour une stratégie qui fut adoptée ailleurs avec une forte intervention de l'État. Va-t-on vers une autre approche, la «Révolution doublement verte», fondée sur l'utilisation fine des écosystèmes ? Les caractères des agricultures africaines y sont a priori adaptés, mais ceci suppose un grand effort de recherche et, plus encore, une autonomie des paysanneries que les États ne sont sans doute pas prêts à leur laisser prendre.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Abstract. - Why did Tropical Africa reject the "Green Revolution" initiated at the end of the sixties, based on the introduction of high yield varieties of grain crops, when at least an important part of Asia adopted it ? This is not because this continent rejects modernization, but because this one did not fit with the strategies and the means of African producers. "Green Revolution" was a typical intensification program, when, at that very time, African farmers were in a process of extensification : manpower was proportionally scarce, due to population growth, and the main problem was to control as much land as possible to challenge the multiplication of rural households. There has been only one full experiment of the Green Revolution approach in Africa, the Zambian case. In this country, Kenneth Kaunda's government launched Operation Food Production, which aimed at a quick increase of maize production on the whole country through the use of improved varieties, fertilizers and pesticids, all modern inputs being subsidized ; maize production was bought by parastatals at subdisized prices and maize flour was sold much below costs. This worked well technically but it was a complete economic failure : when copper prices fell, the Zambian government was unable to go on. Anyway, the Zambian case shows that African peasants answer positively to economic incentives. The huge population growth in tropical Africa now compels to intensification at least in parts of the continent, but the Green Revolution approach is unrealistic, taking into account the technical, social and economic situation : irrigation infrastructures are generally lacking, trading systems are unefficient, inputs are too expensive. Moreover the revolving towards a liberal economic approach, as prescribed by IMF and World Bank is a major constraint A new strategy has to be found, which could be what is sometimes called "Doubly Green Revolution", founded on a sophisticated approach of ecosystems in a perspective of sustainable development. In a way, traditional agricultural strategies in Africa fit with this type of approach, but it implies a great effort in research and, moreover, greater autonomy given to rural communities, which is a political challenge.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_1997_num_74_4_2004