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Titre La nuit, une nouvelle question pour la géographie (Nighttime : a new topic for geography)
Auteur Samuel Challéat
Mir@bel Revue Bulletin de l'Association de Géographes Français
Numéro no 2011/2 Le territoire français, la désindustrialisation et les délocalisations
Rubrique / Thématique
Articles Varia
Page 183-196
Résumé Notre société occidentale entretient une relation complexe avec la nuit, espace-temps protégé des cadences diurnes qui favorise la réflexion, l'imaginaire, la création, l'écoute et le rapprochement de l'autre, tout en révélant la ségrégation, la peur, et donc la restriction. Nous mettons en regard de l'éclairage urbain des pays développés — véritable projet lumière porteur d'une symbolique forte -les coûts socioculturels, écologiques et sanitaires engendrés par la lumière artificielle. Une caractérisation de ces différents impacts de la lumière artificielle nocturne à l'aide d'outils conceptuels de l'économie de l'environnement permet de définir comme réelles pollutions les dégradations écologiques et sanitaires, et comme nuisance la diminution -voire la perte — de l'accessibilité au ciel étoilé. Nous montrons comment le bien environnemental «ciel étoilé » a été saisi par les astronomes pour porter un projet positif intégrant désormais l'environnement nocturne dans son ensemble : «Sauver la nuit ». Des oppositions à ce projet ont jalonné son histoire, mais les nécessaires économies d'énergie et les contraintes budgétaires des collectivités territoriales amènent désormais les acteurs locaux à reconsidérer avec plus d'intérêt les différentes propositions faites par les associations de «protection du ciel et de l'environnement nocturnes ». Mais la difficile efficience des mécanismes de marchandage dans le cadre du «théorème de Coase » nous amène à soutenir que la protection de ces biens publics purs, non appropriables et non marchandisables, doit être prise en charge par la puissance publique.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Our Western society has a complex relationship with night, the period of time which is protected from diurnal rhythms and which both facilitates thought, reflection, the imagination, creativity, listening to others and coming together while, at the same time, reveals segregation, fear and hence restriction. We consider urban lighting in developed countries -a real project with a strong symbolic value -in relation to the socio-cultural, ecological and health costs of artificial light. Describing the different impacts of artificial nocturnal light with the help of concepts drawn from environmental economics makes it possible to see damage to health and the environment as well as the reduction -and even the loss -of accessibility to the starry sky as significant sources of pollution. We show how the starry sky, considered as environmental property, has been seized on by astronomers in their promotion of "Save the night", a substantial project which now concerns the nocturnal environment in general. From its inception, the project has met with opposition, but the essential energy-saving measures and budget restrictions of communities have brought about an increased local interest in the different propositions put forward by associations for the "protection of the nocturnal sky and environment The questionable efficiency of the "Coase Theorem" bargaining mechanisms, however, leads us to maintain that the protection of this totally public property, which can be neither appropriated nor marketed, must be the responsibility of public authorities.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_2011_num_88_2_8217