Titre | Réformes structurelles du marché du travail et politiques macroéconomiques. | |
---|---|---|
Auteur | Edmond Malinvaud | |
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) | |
Numéro | no 86, juillet 2003 Revue de l'OFCE n°86 | |
Page | 7-30 | |
Résumé |
Ce que l'on entend par réformes structurelles doit être bien délimité, afin d'éviter les confusions avec des politiques essentiellement macroéconomiques. Celles-ci reposent sur des diagnostics conjoncturels et visent à avoir leurs effets à terme assez prochain, que les actions portent sur les demandes de biens et de travail, ou sur leurs offres, ou encore sur les processus d'ajustement entre offres et demandes.
Le marché du travail est une institution sociale complexe, assez variable d'un pays à l'autre. Bien décrire et analyser ses structures implique que l'on déborde le cadre simple de la loi de l'offre et de la demande. Il faut savoir intégrer correctement des points de vue relevant de diverses disciplines des sciences sociales. Les recherches, engagées à cet égard depuis plusieurs décennies, ont trouvé un débouché naturel avec L'étude de l'OCDE sur l'emploi (1994).
En 1992 en effet, les pays membres de l'OCDE ont donné au secrétariat de l'organisation la tâche de dresser un agenda des réformes structurelles à opérer en vue de favoriser le plein emploi. L'examen du contenu du programme alors défini constitue un bon point de départ, quoique d'autres spécialistes de l'économie du travail aient proposé des programmes plus ou moins différents et que cinq ans plus tard le secrétariat de l'OCDE lui-même ait notablement révisé l'agenda proposé en 1994.
Établir objectivement les effets sur l'emploi des réformes structurelles du marché du travail s'avère être un propos ingrat. Ainsi, l'approche économétrique la plus naturelle pour éclairer le choix de programmes tels que celui de l'OCDE consiste à estimer les effets en question à partir de comparaisons internationales. Mais les résultats ainsi obtenus ont une précision très incertaine. Et c'est aussi le cas de résultats obtenus à partir d'autres approches économétriques.
Le manque de précision n'est pas une excuse pour ignorer les résultats disponibles. Réformer les institutions pour qu'elles soient plus favorables à l'emploi constitue un objectif important. De plus, pour quiconque dispose de tous ces résultats, des conclusions qualitatives se dégagent à la longue. Néanmoins, en bonne méthode, le choix d'un programme de réformes structurelles devrait relever de la théorie des décisions en incertitude. Il devrait être posé et tranché dans ce cadre. En vue d'aider à l'adoption de ce point de vue, l'article s'est proposé de sélectionner dans la littérature ce qui y serait le plus pertinent.
Les dilemmes confrontrant nombre de pays d'Europe occidentale sont assez sérieux en matière d'emploi pour que la recherche de programmes de réformes structurelles s'impose. Certes, aucune des tentatives visant à mesurer un « taux de chômage structurel » n'a abouti à une méthodologie probante pour marquer le seuil en deçà duquel il serait impossible de descendre sans avoir réformé certaines structures ni engendré un processus inflationniste. Mais il serait irresponsable, dans des pays comme le nôtre, d'en prendre prétexte pour différer toute réforme, car il en existe qui ont une bonne chance de se révéler favorables, pour quiconque accepte sérieusement d'accorder une priorité à l'emploi.
L'article se termine par l'examen de l'environnement macroéconomique qui serait favorable aux réformes structurelles. La question ne concerne pas vraiment les pays de l'OCDE : de toute façon les réformes envisagées n'y signifient que de faibles changements du système économique et n'agissent que peu à peu. Tout autres sont les problèmes des pays qui vivent la transition d'un système à un autre. On a pu notamment faire valoir que, faute d'avoir tôt introduit une indemnisation du chômage, certains pays ont subi une telle dégradation de leur équilibre macroéconomique que la création d'emplois, potentiellement plus productifs que les anciens, s'en est trouvée paralysée alors qu'elle aurait joué un rôle majeur pour stimuler la transition. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Résumé anglais |
The labour market is a social institution with features that significantly vary across countries. Econometric investigations of the past decades lead to interesting knowledge about the effect on employment of various labour-market structural reforms. This knowledge is, however, imprecise. Hence, choosing a programme of reforms means taking a decision under uncertainty, and this is too seldom acknowledged. Uncertainty is no reason for remaining passive. In a number of Western European countries it is by now clear that some structural reforms have a good chance of being beneficial, as soon as priority to employment is seriously accepted. The interplay between macroeconomic policies and structural reforms does not seem to be a major part of the challenge faced by OECD countries. A different situation prevails for countries in transition. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=REOF_086_0007 |