Contenu de l'article

Titre La Banque centrale et l'Union monétaire européennes : Les tribulations de la crédibilité.
Auteur Jérôme Creel et Jacky Fayolle
Mir@bel Revue Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques)
Numéro no 83 bis, octobre 2002 La mondialisation et l'Europe
Rubrique / Thématique
La mondialisation et l'Europe
Page 211-244
Résumé La création de l'Union monétaire européenne confère une dimension expérimentale à l'acquisition de la crédibilité par une banque centrale et à sa mise à l'épreuve. Les modèles théoriques qui fondent la notion de crédibilité réduisent la configuration institutionnelle à un schéma très simple et l'évaluation collective de cette crédibilité est réduite à l'opinion moyenne des marchés financiers. Aussi, nous procédons à quelques variations sur un thème de Barro et Gordon (1983). Alors que dans ce modèle, les salariés fixent le salaire nominal avant que l'inflation soit effective, ici, les marchés financiers fixent le taux d'intérêt de long terme de telle façon qu'il égalise l'offre et la demande agrégée de biens. Pour être crédible, la banque centrale devra viser une inflation très faible pendant une longue période afin de faire converger les anticipations des marchés vers un niveau bas d'inflation. Si on projette ces raisonnements sur l'expérience européenne, on peut craindre qu'ils ne confortent l'idée d'un penchant restrictif de la BCE. Ce modèle est éclairant à un second titre : il peut engendrer des équilibres multiples, sources de problèmes de coordination entre agents pour définir un équilibre qui fasse l'objet d'un accord commun. Pour échapper à ces problèmes, la cohérence temporelle de l'action de la BCE, c'est-à-dire une articulation harmonieuse des objectifs et règles de long terme avec une action conjoncturelle adaptée aux circonstances, nécessite la coopération effective des diverses institutions en charge de la politique économique européenne. L'insertion plus franche de la BCE dans un réseau institutionnel qui active les obligations de motivation et de responsabilité auxquelles elle devrait satisfaire contribuerait à clarifier l'horizon qui gouverne ses décisions. De plus, à cause de l'hétérogénéité encore dominante de la zone euro, la BCE peut difficilement se passer d'une représentation de l'économie européenne qui soit plus « structurelle » que « monétariste ». Cette représentation l'inciterait à privilégier l'attention à l'impact global et diversifié des taux d'intérêt et de leur structure plutôt qu'à la maîtrise illusoire d'un agrégat monétaire. La BCE est en charge de la stabilité globale des prix, mais l'exercice de cette responsabilité d'intérêt commun passe par une vision détaillée de l'impulsion et de la propagation des chocs et des tensions au sein de la zone euro. Pour toutes ces raisons, la BCE devra être tout autant anglo-saxonne que germanique, s'inspirer autant de la FED que de la Buba.
Résumé anglais Discussing credibility basing upon the Barro-Gordon model, we change the framework substituting workers with financial markets. Results show without surprise that a central bank willing to gain credibility should set inflation at a low level during a long period to lead expectations towards this level. This explains the adoption by the ECB of a low price stability target. The multiple-equilibria nature of the model necessitates that monetary policy should be implemented in coordination with governments. Of course, the Euro area is still heterogeneous, so that the ECB should adopt a « structural » rather than « monetarist » representation of the European economy, at least because European monetary aggregates have no homogenous counterparts in the European money demand. The ECB would concentrate on the global and diversified impact of the interest rate rather than on the illusory control of a monetary aggregate.
Article en ligne http://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2002-5-p-211.htm