Contenu du sommaire : La mondialisation et l'Europe
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 83 bis, octobre 2002 |
Titre du numéro | La mondialisation et l'Europe |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
La mondialisation et l'Europe
- Démocratie et mondialisation. - Jean-Paul Fitoussi p. 7-18
- Mondialisation économique et financière : de quelques poncifs, idées fausses et vérités. - Jacques Le Cacheux p. 19-46 La mondialisation économique et financière suscite des débats et controverses dont les termes sont, le plus souvent, emprunts de confusion. Bénéfique pour certains, maléfique pour d'autres, la mondialisation est tantôt parée de toutes les vertus, tantôt affublée de tous les vices. Cet article propose une grille de lecture économique des différentes facettes de ce phénomène contemporain. En premier lieu, il importe de le replacer dans une perspective historique longue, pour faire ressortir les similitudes entre la période actuelle et les précédents épisodes de mondialisation. Nous passons ensuite en revue les facteurs qui, selon nous, constituent les principaux moteurs de la mondialisation : avantages comparatifs et spécialisation, économies d'échelle et de gamme, goût des consommateurs riches pour la variété, abaissement des coûts de transport et de communication, et libéralisation et ouverture des marchés. La mondialisation qui résulte de la combinaison de ces facteurs procure des gains économiques indéniables, gains mutuels de l'échange, gains de la spécialisation et diffusion internationale des technologies, qui sont susceptibles d'engendrer, à très long terme, une tendance au rattrapage des pays les plus riches par les plus pauvres, donc une certaine convergence économique mondiale. Toutefois, la mondialisation économique et financière comporte aussi des coûts et des inconvénients, notamment en raison des restructurations qu'elle impose, de l'instabilité macroéconomique et financière qu'elle favorise en l'absence de régulations adéquates, et des inégalités qu'elle creuse entre gagnants et perdants, au sein des économies nationales et, dans certaines conditions, entre économies nationales. La dernière partie de l'article aborde la question de la gouvernance de l'économie mondialisée, en évoquant successivement les modalités de la régulation mondiale par les institutions internationales telles que le FMI et l'OMC, et les potentialités offertes par les processus d'intégration régionale, et notamment l'expérience européenne d'union économique et monétaire.Globalization arouses debates and controversies. Supporters of the process stress its benefits; opponents find it harmful. In this paper, the current movement is first set into historical perspective. We then review the major sources of globalization: comparative advantage and specialization, scale and scope economies, consumers' taste for variety, the reduction in transportation and communication costs, and the deregulation and liberalization of markets. Globalization yields benefits: mutual gains from trade and exchange, gains from specialization and from the international diffusion of technical progress, thus maybe favoring catching-up. However, globalization also has costs, most notably because of the consequent economic restructuring, induced macroeconomic and financial instability, and of inequalities. We then turn to the issues of world economic governance of the world, by international institutions such as the IMF or the WTO, and by regional integration processes, in particular Europe.
- Globalisation financière, vieillissement et convergence mondiale - Une exploration de quelques scénarios. - Equipe INGENUE p. 47-101 Conçu pour analyser les conséquences sur les évolutions économiques mondiales et sur les flux internationaux de capitaux des phénomènes de vieillissement démographique et d'éventuelles réformes des régimes publics de retraite dans les pays développés, le modèle INGENUE est un modèle d'équilibre général calculable à générations imbriquées de l'économie mondiale divisée en six grandes zones, distinguées selon leurs grandes caractéristiques démographiques et économiques : trois zones développées au vieillissement déjà avancé (Europe, Japon et Amérique du Nord-Océanie) ; et trois zones en développement dont le processus de vieillissement est soit déjà largement entamé (Chine, etc.), soit à peine entamé (Inde, Brésil, etc.), soit encore à venir (Afrique, Amérique centrale, etc.). Son scénario central décrit, pour le XXI e siècle, un monde où les populations des grandes zones, immobiles, connaissent des processus décalés de vieillissement, qui engendrent des opportunités d'échanges mutuellement avantageux, suscitant des mouvements de capitaux de grande ampleur, en dépit d'une diffusion internationale lente du progrès technique. L'article propose ensuite une exploration détaillée de scénarios typés de convergence institutionnelle des systèmes de retraite par répartition, d'abord limitée aux seules zones développées de la planète, puis étendue à l'ensemble du monde. Nous montrons que ces scénarios engendrent des évolutions économiques mondiales sensiblement différentes, et surtout, des flux de capitaux d'ampleurs très diverses selon les cas, donc aussi des répartitions très différentes de la richesse mondiale.The INGENUE model is a computable, general-equilibrium, overlapping-generations model of the world economy divided into six large regions. Its purpose is to analyze the consequences of demographic changes and of possible pension reforms in the developed countries on world economic aggregates and on international capital flows in a long-run perspective. The model comprises three developed regions and three developing and younger regions. The baseline scenario of the INGENUE model describes a world economy which, over the first half of the XXIth century, witnesses large capital transfers from developed and aging countries to developing and younger regions, in spite of a very slow process of international diffusion of technical progress. We then explore some extreme scenarios of international convergence of public pension systems, first within the group of developed countries, then extended to the whole world.
- Investissements directs à l'étranger et stratégies des entreprises multinationales. - Sandrine Levasseur p. 103-152 Les investissements directs à l'étranger constituent certainement l'un des aspects les plus visibles de la mondialisation. Les entreprises multinationales représentent une part croissante de la production, de l'emploi et des échanges commerciaux dans le monde. La production, si elle devient de plus en plus internationale, tend aussi à s'organiser selon un mode bien spécifique. Les différentes étapes du processus de production sont réparties sur un nombre croissant de sites, localisés dans différents pays. Le bien final vendu aux consommateurs dans un pays donné est de plus en plus issu d'un assemblage de composants fabriqués dans plusieurs pays. Si la fragmentation internationale de l'activité productive n'est pas un phénomène récent, l'ampleur du phénomène est, elle, bien nouvelle. Elle accroît, tout en les modifiant, les interdépendances entre les pays : ceux-ci sont liés via l'activité des multinationales le long de la chaîne des valeurs. Un nombre croissant de pays en développement participe au processus d'intégration verticale de la production. Toutefois, ces pays ne sont pas seulement des récipiendaires de l'investissement direct étranger. Des multinationales originaires de pays en développement, certes de taille modeste pour la plupart, apparaissent. Cet article s'attache essentiellement à montrer comment s'organise la production internationale, à quels motifs et déterminants elle répond, et quels facteurs la rendent possible.Foreign direct investment is certainly one of the most salient features of globalisation. Multinational enterprises account for an increasing share of production, employment and trade in the world. The international production tends to be organised in a well specific way : the different stages in the productive process are spread over an increasing number of plants, localised in different countries. The final consumer goods sold in one country are often the assembly of components processed in several countries. Surely, international fragmentation of production is not a new phenomenon ; but, its importance is really new. More and more developing countries are vertically integrated in the international production. This article aims at examining how international production is organised around the world and, what are its motives and determinants.
- SIDA et développement : un enjeu mondial. - Vincent Touzé et Bruno Ventelou p. 153-174 L'article propose une revue des débats économiques que suscite la pandémie de SIDA en Afrique, notamment les débats portant sur l'accès restreint aux thérapeutiques brevetées et sur le droit international en matière de propriété intellectuelle (OMC, accords TRIPs). Après une rapide description de la maladie, de son épidémiologie, et des traitements existants, il énonce les différentes formes d'impact de la maladie sur l'économie et examine les études macroéconomiques disponibles pour les pays africains. La méconnaissance des aspects différés du choc, sur l'accumulation de capital et sur l'éducation, peut avoir conduit les études à sous-estimer l'effet de la maladie sur les mécanismes de développement de ces pays très pauvres. Ce constat, la gravité de la maladie, ainsi que l'observation des formes concrètes de l'échange international, plaident pour une intervention publique mondiale à deux niveaux : d'une part une réévaluation critique de la législation sur la protection des droits de propriété intellectuelle, mise en place sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce ; d'autre part la constitution d'un « fonds global » de connaissances et de moyens financiers, dans lequel les pays pauvres pourraient trouver les traductions concrètes des solidarités et d'une véritable gouvernance mondiales.This article presents a review of the economic debates about AIDS epidemics in Africa, especially the debates about the (restricted) access to patented drugs and about the intellectual property rights used in international trade (WTO, TRIPs). The paper details the different forms of the impact of the disease on the economy and describes the studies available for the African countries. The ignorance of some delayed forms of the impact (human capital accumulation) could have conducted the studies to underestimate the effect of the disease on the mechanisms of development of this very poor countries. This last statement plaids for a global public intervention at two levels : a re-evaluation of the legislation on intellectual property rights ; the creation of a global fund in which the poor countries could find the concrete results of real world unity and governance.
- La Banque centrale européenne ou le seigneur des euros. - Jérôme Creel et Jacky Fayolle p. 175-210 Cet article se livre à un essai de bilan des trois premières années d'exercice de la Banque centrale européenne, désormais unique maîtresse de la politique monétaire au sein de la zone euro. Ce bilan n'échappe pas à une certaine ambivalence : appréciée par rapport à la précarité de l'expansion et à la fugacité des risques d'inflation au sein de la zone, l'action de la BCE paraît contrainte par une cible d'inflation trop basse et par un horizon d'action trop court. Elle n'a pas échappé à un certain suivisme à l'égard des autorités monétaires américaines et des marchés financiers internationaux, lorsque le caractère plus synchrone de l'expansion mondiale, jusqu'en 2000, faisait craindre des risques d'inflation généralisée. Ce faisant, elle n'a pas su adopter un timing contribuant à affermir une expansion européenne encore fragile et n'a pas contré le ralentissement engagé en Europe dès le milieu de l'année 2000. Comparativement au comportement de la FED, apprécié dans des circonstances analogues, la BCE semble cependant plus pêcher par inertie que par excès de prévention — que ce soit face aux risques d'inflation ou de récession. La FED sait être à la fois réactive et graduelle, si on entend par gradualisme la capacité à définir et mettre en œuvre en temps utile une orientation résolue, progressive et persévérante des taux d'intérêt à court terme. Celle-ci peut au départ surprendre les marchés, mais contribue à infléchir leurs anticipations et agit ainsi sur l'activité, en faisant partager par l'ensemble des acteurs économiques le diagnostic de la banque centrale. Au contraire, l'inertie désigne le retard et la discontinuité dans la prise de décisions monétaires adaptées à l'évolution conjoncturelle. L'inertie de la politique monétaire mise en œuvre par la BCE participe de l'ensemble des facteurs structurels et institutionnels qui handicapent en Europe la coopération des politiques économiques en direction du plein emploi. Si la BCE se veut l'héritière de la Bundesbank, les difficultés qu'elle rencontre pour susciter la confiance et consolider sa réputation la pousseront sans doute à prendre en compte les « bonnes pratiques » des banques centrales anglo-saxonnes et à dépasser la dualité de la stratégie dite des deux piliers, qui donne encore trop de poids au suivi des agrégats monétaires. Au demeurant, et quelles que soient les réserves que son action puisse susciter, il semble que la BCE ait été moins restrictive, durant les trois premières années de la zone euro, que ce qu'aurait été l'action de la Bundesbank dans des circonstances similaires.This article assesses the first three working years of the ECB. This assessment is ambivalent: related to the precariousness of the European expansion, the ECB's action appears too constrained by a very low inflation target. However, compared to the behaviour of the FED, the ECB seems show more inertia than excess of prevention. The FED is reactive and gradual: gradualism means the ability to implement at right time a clear and progressive orientation of the short-term rates. Inertia means lags and hesitations of the monetary policy. The ECB is the heiress of Bundesbank, but the difficulties to consolidate its reputation will push it to take into account the « good practices « of Anglo-Saxon central banks. Moreover, and whatever the critics its action can cause, it seems that the ECB was less restrictive than the action of Bundesbank would have been in similar circumstances.
- La Banque centrale et l'Union monétaire européennes : Les tribulations de la crédibilité. - Jérôme Creel et Jacky Fayolle p. 211-244 La création de l'Union monétaire européenne confère une dimension expérimentale à l'acquisition de la crédibilité par une banque centrale et à sa mise à l'épreuve. Les modèles théoriques qui fondent la notion de crédibilité réduisent la configuration institutionnelle à un schéma très simple et l'évaluation collective de cette crédibilité est réduite à l'opinion moyenne des marchés financiers. Aussi, nous procédons à quelques variations sur un thème de Barro et Gordon (1983). Alors que dans ce modèle, les salariés fixent le salaire nominal avant que l'inflation soit effective, ici, les marchés financiers fixent le taux d'intérêt de long terme de telle façon qu'il égalise l'offre et la demande agrégée de biens. Pour être crédible, la banque centrale devra viser une inflation très faible pendant une longue période afin de faire converger les anticipations des marchés vers un niveau bas d'inflation. Si on projette ces raisonnements sur l'expérience européenne, on peut craindre qu'ils ne confortent l'idée d'un penchant restrictif de la BCE. Ce modèle est éclairant à un second titre : il peut engendrer des équilibres multiples, sources de problèmes de coordination entre agents pour définir un équilibre qui fasse l'objet d'un accord commun. Pour échapper à ces problèmes, la cohérence temporelle de l'action de la BCE, c'est-à-dire une articulation harmonieuse des objectifs et règles de long terme avec une action conjoncturelle adaptée aux circonstances, nécessite la coopération effective des diverses institutions en charge de la politique économique européenne. L'insertion plus franche de la BCE dans un réseau institutionnel qui active les obligations de motivation et de responsabilité auxquelles elle devrait satisfaire contribuerait à clarifier l'horizon qui gouverne ses décisions. De plus, à cause de l'hétérogénéité encore dominante de la zone euro, la BCE peut difficilement se passer d'une représentation de l'économie européenne qui soit plus « structurelle » que « monétariste ». Cette représentation l'inciterait à privilégier l'attention à l'impact global et diversifié des taux d'intérêt et de leur structure plutôt qu'à la maîtrise illusoire d'un agrégat monétaire. La BCE est en charge de la stabilité globale des prix, mais l'exercice de cette responsabilité d'intérêt commun passe par une vision détaillée de l'impulsion et de la propagation des chocs et des tensions au sein de la zone euro. Pour toutes ces raisons, la BCE devra être tout autant anglo-saxonne que germanique, s'inspirer autant de la FED que de la Buba.Discussing credibility basing upon the Barro-Gordon model, we change the framework substituting workers with financial markets. Results show without surprise that a central bank willing to gain credibility should set inflation at a low level during a long period to lead expectations towards this level. This explains the adoption by the ECB of a low price stability target. The multiple-equilibria nature of the model necessitates that monetary policy should be implemented in coordination with governments. Of course, the Euro area is still heterogeneous, so that the ECB should adopt a « structural » rather than « monetarist » representation of the European economy, at least because European monetary aggregates have no homogenous counterparts in the European money demand. The ECB would concentrate on the global and diversified impact of the interest rate rather than on the illusory control of a monetary aggregate.
- Le Pacte de stabilité et les politiques budgétaires dans l'Union Européenne. - Jérôme Creel, Thierry Latreille p. 245-297 Au sein de l'Union monétaire européenne, le Pacte de stabilité et de croissance impose un plafond de 3 % du PIB aux déficits publics des États membres, l'objectif étant non seulement d'empêcher l'apparition de « déficits excessifs », mais aussi de réduire progressivement l'endettement public dans les pays de la zone euro. En réalité, cependant, les programmes nationaux de stabilité qui, sur la base des prévisions de croissance, décrivent les orientations à moyen terme des finances publiques des États membres, n'ont pratiquement jamais été respectés, et ont fait l'objet d'amples révisions chaque année. Le ralentissement de la croissance de la zone euro en 2001 a encore accru l'écart entre engagements et réalisations : les déficits budgétaires sont, partout, plus élevés que prévu, et deux pays — l'Allemagne et le Portugal — ont même fait l'objet d'un commencement de procédure d'avertissement de la part de la Commission, que le Conseil Ecofin de février 2002 n'a finalement pas voulu suivre. Ces difficultés mettent en lumière les défauts et les faiblesses de la procédure d'encadrement des finances publiques nationales dans le cadre de la zone euro, et relancent le débat sur les règles de politique budgétaire. Après avoir présenté les différentes versions des programmes nationaux de stabilité, nous proposons une évaluation économétrique des règles nationales effectivement suivies par les gouvernements des États membres au cours des dernières décennies, comparées à celle que semble suivre le gouvernement fédéral américain. Cette estimation permet, en particulier, de mettre en évidence la composante cyclique des déficits budgétaires nationaux. Nous discutons ensuite des différentes mesures du déficit budgétaire que l'on pourrait envisager de substituer à celle du déficit courant dans une règle telle que celle du Pacte de stabilité, de manière à maintenir une certaine discipline et une crédibilité, tout en remédiant aux défauts de la règle actuelle. Nous concluons à la supériorité d'une règle budgétaire s'inspirant de celle adoptée par le gouvernement britannique, fondée sur la notion de déficit budgétaire structurel hors dépenses d'investissement public, qui aurait le double avantage de ne pas engendrer des politiques budgétaires nationales pro-cycliques et de permettre aux gouvernements nationaux de mener des politiques favorables à la croissance.The Stability Pact imposes a 3%-of-GDP ceiling on national budget deficits. However, the yearly national stability programs describing medium-term public finance strategies, based on growth forecasts, have never been implemented in full and have had to be revised every year. In 2001, the economic slowdown has made the gap between commitments and achievements even wider. After presenting national stability programs, we offer an econometric evaluation of national fiscal policy rules in Europe and the US. This estimation also reveals the cyclical component in deficits. We then discuss ways of evaluating deficits to substitute for the current rule while maintaining reasonable discipline and credibility. We conclude that the British « golden rule », but based on the structural budget deficit excluding public investment, would dominate, avoiding pro-cyclical policies and leaving governments sufficient leeway for growth-friendly policies.
- Partage du risque dans l'Union Européenne - Expériences interrégionales et internationales. - Frédéric Zumer et Jacques Mélitz p. 299-323 Quelle pourrait être la portée du partage du risque macroéconomique entre pays, dans l'Union monétaire européenne, face aux chocs asymétriques ? Pour tenter de répondre à cette question, essentielle par ses implications quant à la stabilité de la construction monétaire européenne, on cherche à estimer l'ampleur de la répartition du risque qui prévaut entre les régions d'un même pays, mais également entre différents pays. On en déduit alors plusieurs leçons pour l'Union monétaire. Ce sujet est exploré à partir d'un travail empirique effectué sur des données régionales, pour les États-Unis et le Canada, ainsi que sur des données nationales se rapportant à un échantillon de 23 pays de l'OCDE, qui comprend les 15 membres de l'Union européenne. Nous procédons à l'aide de notre version modifiée du modèle fondateur de Asdrubali, Sørensen et Yosha (1996), dont nous rappelons les principes. Nous mettons alors en évidence plusieurs résultats concordants du modèle révisé, qui prouvent que, même si l'abandon de la politique monétaire réduit la capacité théorique des membres de l'UE de lisser les chocs asymétriques via la politique macroéconomique, le nouveau régime dans lequel nous sommes entrés, qui génère une plus forte intégration économique, pourrait bien favoriser considérablement le lissage des chocs au travers des mécanismes de marché.How much risk sharing takes place between regions within countries, between countries internationally, and what are the lessons for EMU? We propose a method of assessing the smoothing of shocks regions get via insurance, credit, and the central budget. The insurance comes from the holding of claims against the output of other regions. The credit channel relates to borrowing from other regions. We test the model on US and Canadian data, and then we extend the tests to two international samples: 23 OECD members and the 15 countries in the EU. We are able to conclude that even though the surrender of monetary policy will reduce the theoretical capacity of the members of EMU to smooth shocks via public action, the change will promote smoothing of shocks via the two market channels.
- Les restructurations bancaires en Europe. - Rym Ayadi, Pascal de Lima p. 325-382 Depuis le début des années 1990, le secteur bancaire européen a été le témoin de profondes restructurations, prenant la forme notamment d'une vague sans précédent d'opérations de fusions-acquisitions, dont les principales caractéristiques ont été : l'émergence de mastodontes bancaires à l'échelle nationale, le développement d'opérations de type paneuropéennes et la constitution de vastes conglomérats financiers européens. La déréglementation des activités bancaires, la globalisation financière, les innovations technologiques, l'impératif de création de valeur actionnariale et l'introduction de la monnaie unique sont quelques uns des principaux facteurs explicatifs du processus actuel de consolidation bancaire en Europe. Malgré une pause conjoncturelle en 2001, le phénomène en cours apparaît, à plus d'un titre, inévitable. Toutefois, jusqu'à présent, les fusions sont loin d'avoir prouvé leur efficacité économique. En effet, selon certaines études récentes, il semble que moins d'une fusion sur deux soit créatrice de valeur pour l'actionnaire. Dès lors, on peut s'interroger sur la rationalité économique de telles opérations ainsi que sur leurs réelles motivations. Cette question est d'autant plus cruciale que les restructurations bancaires semblent, en revanche, contribuer à l'augmentation des coûts sociaux collectifs. Le processus récent de consolidation du secteur bancaire européen, en poussant à l'homogénéisation des comportements bancaires, amène également à poser la question de l'émergence d'un modèle dominant de banque en Europe vers lequel la plupart des groupes bancaires et financiers s'orienteraient, et dont on pourrait dès à présent identifier les principales caractéristiques. Il semble néanmoins qu'il n'y ait pas aujourd'hui de norme et/ou règle stratégique unique permettant de garantir la réussite d'une banque en ce début de XXI e siècle. La seule certitude est que l'objectif de satisfaction de la clientèle et la logique de maximisation de la valeur actionnariale demeureront le socle et le point cible de toute opportunité et action stratégique à venir. En outre, alors que l'on s'achemine à moyen terme vers une accélération des opérations transfrontalières mais aussi inter-sectorielles, il paraît prioritaire de repenser le rôle des autorités de supervision prudentielle au sein de l'Union européenne. Pour assurer la sécurité bancaire et financière en Europe, il n'est en effet pas d'alternative à une véritable réforme structurelle des dispositifs prudentiels. À la subsidiarité aménagée et à la coopération multilatérale qui caractérisent la situation actuelle, nous proposons la combinaison de la centralisation géographique et du décloisonnement institutionnel.The 1990s has witnessed an era of profound restructuring within the European banking industry. A M&As boom among financial institutions is occurring at a rapid pace in Europe. Financial globalisation, deregulation, technological advance, the Euro and shareholder value creation are the major factors that have fuelled the unprecedented level of mergers over the past few years. Despite a break in the trend in 2001 and uncertainty of economic and financial gains, banking consolidation in Europe will continue. In this perspective, two figures appears to be fundamental. A pursuing homogenisation of banking behaviour will lead to the establishment of a kind of an European dominant model. To ensure the stability of the European financial system, the supervisory authorities should rethink their regulatory structures in response to the emergence of large and pan-European financial groups in the market place.