Titre | Le plaisir artistique à l'époque d'Internet | |
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Auteur | Laurent Jullier, Jean-Marc Leveratto | |
Revue | Revue française des sciences de l'information et de la communication | |
Numéro | no 15, 2019 Information scientifique et diffusion des savoirs : entre fragmentations et intermédiaires | |
Rubrique / Thématique | Spicilège |
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Résumé |
En tant qu'instrument de catégorisation savante de la conduite des individus pendant leurs loisirs, le terme d'industrie culturelle instaure d'emblée une vision asymétrique des personnes et des choses observées. Il entraîne, en effet, la différenciation et la mise en tension de deux formes de qualifications culturelles concurrentes de la conduite esthétique, selon qu'on l'étudie à l'intérieur ou à l'extérieur de l'industrie culturelle. Son caractère standardisé et répétitif disqualifie la distraction produite industriellement mais valorise les individus capables de la domestiquer à des fins personnelles. La singularité de l'objet artistique rencontré à l'extérieur de l'industrie culturelle qualifie intellectuellement les individus qu'il touche, mais les assujettit aux institutions culturelles dominantes. Adopter un point de vue anthropologique, en revenir à l'expérience de l'industrie culturelle, et à la manière dont les individus éprouvent personnellement et réfléchissent au cas par cas l'action des objets qu'ils consomment permet de remettre en cause cette vision asymétrique, dans laquelle art et industrie, amateur et consommateur, s'excluent réciproquement et constituent des univers sociaux différents. L'objectif de cet article est de proposer une définition du terme d'industrie culturelle différente, en compréhension et en extension, de son usage courant en France dans les études sur la consommation culturelle comme dans le discours des artistes et dans les conversations entre amateurs. Il s'agit d'élaborer un outil de description, capable de rendre compte de la dynamique du processus d'industrialisation de la culture qui affecte aujourd'hui toutes les techniques artistiques, et des différentes formes d'investissement individuel et collectif dont il est le produit. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
As a tool of scientific categorization of the behavior of the cultural consumer, the term of « industrie culturelle » is responsible, in France, for an asymmetrical perception of the consumers and of the things consumed. It generates and justifies the contrast between two types of cultural qualification of one's aesthetic conduct, whether considered inside or outside the sphere of the « industrie culturelle ». Inside, if its standardization disqualifies mass entertainment, it offers a means of valuation of the consumer able to tame it according to his/her personal desires and aspirations. Outside, the singularity of the artwork qualifies its consumer, but disqualifies him/her as a subject of the cultural institutions. Adopting an anthropological point of view, and taking in account the common experience of cultural consumption—the way the consumers test by themselves, through a case-by-case assessment, the action of the objects they deal with—, leads to a quite different understanding of their aesthetic conduct. It immediately forbids us to consider « art » and « industry » as two opposite types of cultural objects, and « amateurs » and « consumers » as two opposite types of aesthetic conduct, given once and for all, without paying any attention to the way the people concerned assess the reality of the situations and the artistic quality of the objects that composed their leisure. The aim of this article is to implement a different definition— regarding its understanding as well as its extension—of the cultural industry as currently used, under the term « industrie culturelle », in French surveys about cultural consumption, artistic discourses and current conversations between amateurs. The intellectual stake is to shape a tool of description able to capture and restitute the dynamics of the global process of industrialization that impact, without exception, every artistic activity, legitimate or not, and to give an account of the various forms of individual and collective investments that inform this process. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/rfsic/5082 |