Titre | “Tout le monde le faisait, personne n'en parlait”. Le travail esthétique des chirurgiens plasticiens controversé | |
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Auteur | Yannick Le Hénaff | |
Revue | Sociologie du travail | |
Numéro | vol. 61, no 1, janvier-mars 2019 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Résumé |
Fort d'un corpus comptant près de 80 entretiens, des observations en situation et un travail d'archives, nous analysons l'évolution des conflits de légitimité chez les chirurgiens plasticiens, en nous intéressant particulièrement à la chirurgie et médecine esthétique. Ces deux activités, et la seconde en particulier, sont en effet déconsidérées dans le cadre de l'éthos professionnel des chirurgiens. Il s'agit ainsi de comprendre ces dynamiques de désignation et ces modalités de revalorisation au croisement des conflits inter- et intra-professionnels et des logiques de concurrence individuelle et professionnelle. Dans un premier temps, nous rendons compte des conditions ayant permis la revalorisation de la chirurgie esthétique, à l'intersection des logiques collectives (insertion sur le marché des chirurgiens nouvellement formés) et des carrières de ces professionnels. Si les plus réfractaires à la chirurgie esthétique exercent dans les services où celle-ci est minoritaire voire bannie, l'hypothèse d'une adéquation entre division morale et sociale du travail ne peut ici être retenue. Par la suite, nous nous intéressons à la médecine esthétique, largement dédaignée, et en apparente contradiction avec l'éthos chirurgical. Après avoir identifié ce qui disqualifie ces actes, nous réinscrivons la médecine esthétique et ses évolutions dans leur contexte historique. Puis nous tentons de comprendre comment cette disqualification est négociée à l'aune des changements que connaît actuellement le monde de la chirurgie plastique, qui tendent à donner un espace croissant à ces actes. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
In this article, based on 80 interviews, together with observations and archives, we analyse the development of conflicts of legitimacy relating to plastic surgeons. We focus particularly on cosmetic medicine and cosmetic surgery, and the disrepute into which these two activities have fallen, particularly the latter, with respect to the surgeon's ethos. The aim is to understand these dynamics of finger-pointing and the conditions of rehabilitation in the light of inter- and intra-professional conflicts, but also in the light of individual and professional competition. First, we describe how cosmetic surgery has been rehabilitated in terms both of collective factors (the integration of new surgeons into the labour market) and of individual careers. The surgeons most resistant to cosmetic surgery often work in departments where this practice is quite restricted or even banned, though it would be an oversimplification to argue that there is a strict link here between the moral and social division of labour. We then look at the widespread disdain in which the practice of cosmetic surgery is held, and its apparent contradiction with the surgical ethos. Having identified what it is that discredits these practices, we resituate cosmetic medicine and its development in their historical context. Finally, we analyse how the disdain is negotiated within the framework of the changes taking place in the world of plastic surgery, changes that are increasing the space for cosmetic medicine. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/sdt/14555 |