Titre | L'illégalisme, outil d'analyse | |
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Auteur | Pierre Lascoumes | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 3, 1996 Michel Foucault | |
Rubrique / Thématique | I. Études |
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Page | 78-84 | |
Résumé |
Une grande partie du travail et des apports de Michel Foucault se situe dans la
mise à plat des catégories d'évidence et des grilles de lecture pré-construites. Ses travaux nous invitent à penser autrement, à nous déprendre de problématiques aveuglantes. Ainsi, le recours au concept d'« illégalismes » -terme toujours employé au
pluriel- permet-il à Foucault d'accomplir un double dépassement : celui des catégories
juridiques pénales (d'infraction et de poursuite) et celui de la notion criminologique de
délinquance. Par l'invention conceptuelle du terme, Foucault rompt avec deux préjugés : la fausse neutralité des catégories juridiques présentant l'« ordre » et le
« désordre » comme des faits historiques stables et universaux ; la prétendue naturalité
des catégories criminologiques qui attribuent à des déterminants individuels internes
l'origine des actes de transgression sociale.
En outre, le concept d'« illégalismes » est, chez Michel Foucault, un concept
sociologique qui renvoie simultanément à un certain mode de transgression et à un type
de réaction sociale à celle-ci. En recourant à ce concept, il rappelle que chaque classe
sociale connaît des formes d'infraction qui lui sont spécifiques et qui se transforment
selon les conjonctures sociohistoriques. Il montre aussi que le traitement social de ces
dernières est différentiel et ne se comprend que si on le met en relation avec les modes
de domination. C'est le cas, notamment, des « illégalismes de droit » (ceux à caractère
économique et financier) qui présentent une pertinence toute particulière pour analyser
les modalités de transgression des règles par les membres des classes dirigeantes et les
types de réaction sociale que ces passages à l'acte ont suscité et déclenchent aujourd'hui. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
A great part of Michel Foucault's work and contribution is the laying flat of categories of evidence and ready-to-fill reading grids. His work invites us to read differently, to get rid of blinding problematics. Thus, the use of the concept of « illegalisms »
– term always used in the plural form- allows Foucault to achieve a double surpassing:
one of penal juridical categories (violation and prosecution) and one of the criminological notion of delinquency. Foucaultbreaks with two prejudices: the false neutrality of
juridical categories presenting « order » and « disorder » as firm and universal facts;
the so-called naturality of criminological categories which ascribe the origins of acts of
social transgression to internal individual determining factors.
Moreover, the concept of « illegalisms » is, according to Michel Foucault, a sociological concept which is simultaneously relevant of a certain kind of transgression and
of a type of social reaction to it. With this concept, he reminds us that each social class
has its specific forms of infraction which change in accordance with socio-historical
circumstances. He also shows that the social treatment of these infringements is differential and only understandable when put in relation with the modes of domination.
This is notably the case of « illegalisms of right » (infractions presenting an economical and financial aspect) which are particularly relevant to analyse the modes of transgression of the rules by the ruling classes and the types of social reaction that these
violations provoked and still provoke today. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_003_0078 |