Titre | Les noctambules parisiens : À la recherche de la vraie ville, de la Restauration à la monarchie de Juillet | |
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Auteur | Simone Delattre | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 4, 1997 La Nuit | |
Rubrique / Thématique | I. Études |
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Page | 77-104 | |
Résumé |
Des années 1820 aux années 1860, la nuit parisienne est un territoire de conquête
pour la modernité et la rationalité urbaines. Sa domestication progressive par l'artifice
technique et par le regard policier visent à rendre la rue nocturne plus vivable. Le noctambulisme élégant des viveurs et des dandies y rencontre, dès la monarchie de Juillet
l'animation, le luxe et le confort nécessaires à la pratique euphorique d'une vie à
contretemps. Tandis que la majorité des Parisiens, bourgeois frileux ou ouvriers écrasés par la longueur de la journée de travail, s'effacent de la scène citadine en consacrant
leurs nuits au sommeil et en se repliant dans l'espace privé, les lieux publics sont investis par une minorité voyante de jouisseurs qui voient dans la nuit non pas un temps
mort, mais le comble du temps libre, le support d'une recherche de la distinction oisive. La ritualisation des parcours distingués sur le Boulevard, et même l'encanaillement
que l'on va chercher dans les cabarets des Halles centrales, font de la nuit le temps
suprême de l'hédonisme dont la capitale est devenue le centre. Dans le même temps,
une bohème rêveuse se plaît à l'exploration des dessous ombreux de la grande ville, et
revendique la libre déambulation dans un Paris obscur qu'elle craint de voir « désenchanté » par la banalisation des usages de la nuit festive et par la normalisation de l'espace public : elle est condamnée à une réinvention permanente de l'insolite parisien. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
From the 1920's throughout the 1860's, the Parisian night is a territory to conquer
in terms of urban modernity and rationality. Its gradual taming, thanks to the artifice of
technique and the eye of the police, aims at making the streets more « liveable » at
night. With the Monarchy of July, the elegant noctambulant pleasure-seekers and dandies are free to find the animation, luxury and comfort necessary to a euphoric practice of night life. While the majority of Parisians, chilly bourgeois or workers exhausted
by a long day's work, leave the city scene at night time and withdraw in their private
space to sleep, public places are invaded by a minority of sensualists who see the night
not as a deadtime but as the essence of life, the frame of a search for idle distinction.
The ritualization of distinguished walks on The Boulevard, and even the bad company
seeked in the cabarets of the Halles in the city centre, make the night in Paris the supreme time and place of hedonism.
In the meantime, dreamy bohemians enjoy exploring the shady underground of the
big city, and lay claim to free sauntering in a dark Paris which they fear to see becoming « disenchanted » by the standardisation of night life pleasures, and by the normalisation of public space: they are doomed with having to endlessly reinvent an
unwonted Paris. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_004_0077 |