Contenu de l'article

Titre Le suicide en Beauce
Auteur Jean-Claude Farcy
Mir@bel Revue Sociétés & Représentations
Numéro no 6, 1998 Violences
Rubrique / Thématique
I. Études
Page 231-253
Résumé En prenant l'exemple de l'Eure-et-Loir – un département à fort taux de suicides à la fin du XIXe siècle –, cet article propose quelques orientations de recherches pour appréhender les représentations de la mort volontaire en milieu rural à l'aide des constats de gendarmerie et de la « chronique départementale » de la presse régionale : vécu de la violence de l'événement par les proches (stupeur, urgence du temps, accablement, sentiment de culpabilité), perceptions du suicidaire (désespoir et protestation, conscience de l'interdit), représentations de la communauté villageoise (les manifestations du syndrome de « glissement » expliquent le geste en évitant le procès du village), image donnée par la presse locale (fréquence du compte rendu placé au rang de fait divers ordinaire). Le texte suggère qu'à cette époque et dans cette région, à la fois marquée par l'individualisme et la fréquence du geste, le suicide est banalisé, perçu presque comme une mort ordinaire, conclusion logique et attendue d'un état antérieur de « mort sociale ». Ceci a pour effet d'atténuer fortement sa violence accusatrice et la réprobation qui lui est liée, les seules réserves se manifestant dans les milieux catholiques. Une comparaison avec d'autres régions et surtout une étude sur le long terme devraient permettre de tester l'hypothèse que la violence perçue du suicide est étroitement liée au degré de cohésion de la communauté rurale.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Based on the example of Eure-et-Loir – a county with a high rate of suicide – at the end of the 19th century, this article proposes a few directions for research concerning the representations of self-inflicted death, in a rural world, through reports from the police and the local press: the violence of the event as experienced by the relatives (amazement, feelings of emergency, despondency, guilt), perceptions of the suicided person (despair and protestation, awareness of the forbidding), representations of the village community (the manifestations of the « slide syndrom » explain the act while avoiding the trial of the village), image given by the local press (frequency of the reports in the news- in-brief section). It all suggests that in those days and in that region marked by both individualism and the recurrency of the act, suicide was made commonplace, perceived as an almost ordinary cause of death, the logical and expected conclusion of a prior state of « social death ». As an effect, this strongly attenuated its accusing violence and the reprobation linked to it, with the exception of the Catholics only. A parallel with other regions and above all a long term study would allow to test the hypothesis that the perceived violence of suicide is tightly bound to the degree of cohesion in the rural community.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_006_0231