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Titre Art, politisation et action publique
Auteur Pierre-Michel Menger
Mir@bel Revue Sociétés & Représentations
Numéro no 11, 2001 Artistes / Politiques
Rubrique / Thématique
I. Études  : 2. Ambiguïtés et incertitudes des politiques publiques
Page 167-204
Résumé L'action culturelle publique a progressivement fait droit à des conceptions divergentes de l'art et de la culture, l'une étant universaliste et reliant l'innovation à la démocratisation, l'autre étant différentialiste et relativiste et accréditant la pluralité non hiérarchisable des formes artistiques. Qu'advient-il de ces divergences dans l'action culturelle publique et dans la politisation de la sphère artistique ?L'une des apories principales de la politique culturelle publique concerne l'écart entre l'artiste novateur et la collectivité, tel qu'il peut être vu depuis les deux versants de la demande (fonction de démocratisation) et de l'offre (fonction de soutien à la création). Cet écart a fait l'objet soit d'une défense aristocratisante et pessimiste (la modernité baudelairienne), soit d'une rationalisation politico-esthétique (le principe d'avant-garde), mais pose dans les deux cas la question de la divergence entre dynamique de création et dynamique de consommation. Cet écart met en évidence l'un des paradoxes constants de l'identification de l'innovation avec l'émancipation socialement et politiquement progressiste : ce sont les classes supérieures qui fournissent les soutiens les plus constants à l'audace artistique, alors même que le mouvement en art a pour socle idéologique et politique l'opposition à la domination bourgeoise. La dualité de la valeur d'originalité en art - héroïsme aristocratique du novateur frondeur ou individualisme démocratique de l'artiste expressif - désigne deux postulations divergentes de la politisation de l'art, qui forment deux réponses aujourd'hui superposées à ce paradoxe.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Cultural public action has progressively allowed diverging views about art and culture, one universalist and linking innovation to democratisation, the other, differentialist and relativist, advocating a non-hierarchisable plurality of artistic forms. What happens to these differences inside the cultural public action and politization of the artistic sphere? One of the major unsolvable difficulties of the cultural policy is the discrepancy between the artist as a novator and the public at large, which can be seen from both sides of the demand (function of democratisation), and of the supply (function of support to creation). This discrepancy has been the object of an aristocratic and pessimistic defence (the Baudelarian modernity) or the politico-aesthetical rationalisation (the principle of avant-garde), but raises, in both cases, the question of the divergence between the dynamics of creation and the dynamics of consumption. This divergence testifies of the constant paradoxes of the identification of innovation with regard to the socially and politically progressist emancipation: the upper classes are the ones who supply the strongest support to artistic audacity, whereas the movement in art has for very base-both ideological and political, the opposition to the predominance of the bourgeoisie. The duality of the value of originality in art- aristocratic heroism of the banterer novator, or democratic individualism of the expressive artist - points to two diverging postulations of the politization of art, which offer two answers, now superimposed to this paradox.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_011_0167