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Titre À ce que l'on raconte...
Auteur Pierre Sorlin
Mir@bel Revue Sociétés & Représentations
Numéro no 23, 2007 Rêves
Rubrique / Thématique
Présentation
Page 5-20
Résumé Nous avons l'habitude d'appeler rêves ce que nous parvenons à nous rappeler au réveil et, le plus souvent, notre souvenir prend la forme d'un récit. Cependant, les rencontres avec des personnes, les actions et les réactions ne sont qu'une partie de nos visions nocturnes ; souvent, nous sommes impressionnés par des couleurs, des formes indécises, des sons. Dans certaines sociétés où les rêves sont supposés délivrer un message, les rêveurs attendent, ou se rappellent exclusivement une image unique et nous pouvons supposer qu'une telle vision est imposée par les attentes de la communauté ou de la personne. Les récits de rêve, partie limitée de ce qui est effectivement perçu, sont conditionnés par la culture et le talent littéraire du dormeur, il n'est pas étonnant qu'écrivains ou artistes soient plus disposés à transcrire et à embellir leurs impressions que des dormeurs quelconques. En outre, la psychanalyse a profondément influencé les comptes rendus de rêves, les personnes tendent à appliquer les concepts freudiens à leurs rapports et même à raconter leurs rêves, à formuler en termes de déplacement, condensation et symboles. Rêvons-nous comme nos ancêtres ? Personne n'est en mesure de le dire, ce qui est à peu près certain est que nous ne concevons pas nos rêves et ne les racontons pas comme eux-mêmes le faisaient. Rêver peut être un trait permanent de la condition humaine, mais raconter ses rêves est un processus historique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais We are used to calling dreams what we are able to remember after waking up and, most of the times, our memories take the form of a story. However, encounters with people, actions and reactions are only a portion of our nocturnal vagaries ; in many instances we are impressed by colours, elusive forms, sounds. In some societies where dreams are supposed to deliver a message, dreamers wait, or merely remember a unique image and we may suppose that such an image is imposed by the community's, or the individual's expectations. Dream accounts, a limited part of what is actually perceived, are shaped by the dreamer's culture and literary skills ; not surprisingly writers or artists are more prone to transcribe and embellish their impressions than ordinary dreamers. Besides, psychoanalysis has deeply influenced dream-telling, people tend to apply Freudian concepts to their accounts, and even to tell their dreams in terms of displacement, condensation and symbols. Do we dream like our ancestors ? Nobody is able to answer such query, but what is quite certain is that we do not conceive and do not tell our dreams the way they did. Dreaming may be a permanent feature of mankind but dream-telling is a historical process.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_023_0005