Titre | Gloires et opprobres politiques au musée | |
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Auteur | Dominique Poulot | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 26, 2008 Gloire et Pouvoir | |
Rubrique / Thématique | Monuments de gloire : durables, éphémères, fragiles |
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Page | 197-217 | |
Résumé |
L'histoire des expositions d'art et de culture dans les musées est directement liée aux modes, complexes et ambigüs, de représenter la nation dans sa gloire, à des fins pédagogiques. Depuis le début de l'âge des musées, à la fin du XVIIIe siècle, les conservateurs et les historiens ont été de plus en plus conscients du pouvoir de ces représentations, comme des débats auxquels elles pouvaient donner lieu. Cet article examine la poétique et la politique des expositions muséales, à propos des grands hommes, de la victoire et de la défaite, et en particulier de ces deuils nationaux qui, selon Renan, renforcent la nation en face de l'ennemi. La fin du XXe siècle connaît une crise à l'égard de la représentation de la gloire : s'agit-il de glorification authentique, ou bien de l'illustration d'une réalité historique atroce ? Quelques nouveaux musées consacrés à la Seconde Guerre mondiale mettent l'accent sur les souffrances collectives, et adoptent un propos quasi irénique à ce sujet. En revanche, leurs critiques soutiennent que les musées doivent toujours glorifier des événements et des personnages. Ils doivent même susciter la honte chez leurs visiteurs pour certains aspects du patrimoine français. Parallèlement, les musées ne célèbrent plus unanimement la gloire républicaine – comme le prouve la construction d'un mémorial à l'anti-révolution en Vendée. Les musées ont toujours été pris dans la tension entre exposer une auto-représentation collective et la connaissance intime des échecs de leur communauté : maintenant, ils peuvent exposer la honte aussi bien que la gloire, dans la mesure où les deux peuvent faire figure d'outils politiques au service de la grandeur du pays. La gloire ou l'opprobre d'une communauté telle qu'elle est donnée à voir au musée peut être utilisée pour souligner l'autorité de la tradition, susciter diverses émotions chez les spectateurs, et exposer ces émotions aux conflits de valeurs antagonistes. La gloire et l'opprobre peuvent être considérées comme des processus sociaux complexes au cours desquels la valeur des événements et des personnes est peu à peu fixée, pour faire sens symboliquement et socialement. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The history of displaying culture and art in museums is directly linked to the complexities and ambiguities of representing the nation in glory, for a pedagogical purpose. Since the beginning of the era of museums, at the end of the 18th century, curators and historians have become increasingly aware of the power and of the contested nature of these representations as well. This paper explores the poetics and politics of museum display, about great political men, victory and defeat, and especially the national humiliations which can build a new citizenship, as Renan said, against the enemy. There is, at the end of the 20th century, a crisis of cultural representation of glory – is it an authentic glorification or the illustration of a brutal historical reality ? Some new museums about WWII put the stress on the collective sufferings of the country, and take a kind of irenic turn ; but, on the other hand, some critics argue that museums must always glorify events and people. They must even make their visitors feel ashamed in front of some moments of the French heritage. Even the republican glory is no longer unanimously celebrated in French museums, with for example the building of a memorial of the anti-revolution in Vendée. The museums are always caught in the tension between the display of a collective self-presentation, and the embarrassment of a self-knowledge of failures : but now they may represent shames as well as images of glory, as a means of political skill to enhance the present greatness of the country. The glory or the shame of a community as displayed in museums can be used to emphasise the authority of tradition, invoke in people various emotions, and expose these emotions to the contest of values. Glory and humiliation may be regarded as complex social processes in which the value of events and people is determined by developing a broad set of agreements concerning symbolic and social meanings. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_026_0197 |