Titre | Le coup médiatique : Les journalistes font-ils l'événement ? | |
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Auteur | Patrick Champagne | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 32, 2011 Faire l'événement | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Faire l'événement |
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Page | 25-43 | |
Résumé |
Contre les approches réalistes et nominalistes, qui ont en commun d'oublier que ce n'est pas à l'analyste de dire ce qu'est et ce que n'est pas un événement, cet article s'attache à montrer que la définition de l'événement est précisément l'enjeu d'une lutte, et que c'est cette lutte qu'il importe de prendre pour objet. Le travail scientifique en la matière consiste alors à prendre en compte l'ensemble des acteurs sociaux qui sont en lutte pour imposer une certaine idée de ce qu'est censé être un événement. En l'occurrence, la notion d'événement est devenue fortement dépendante de l'industrie des médias ; elle est inhérente au fonctionnement même des salles de rédaction au point qu'on ne sait plus très bien si la presse « met en une » les événements qui existent indépendamment des journalistes ou si c'est le fait d'être mis en une qui contribue à faire ce qu'on appelle un événement. Les journalistes en effet ne sont pas de simples intermédiaires se bornant à diffuser et à commenter des événements qui existeraient en soi, en dehors d'eux, et qui seraient aisément saisissables. Ils ont leur propre conception de l'événement qui n'est pas celle de l'historien, de l'homme politique ou du citoyen ordinaire. Ils sont de plus soumis à la pression de ceux qui, parce qu'ils estiment que c'est leur intérêt, veulent que l'on parle d'eux dans les médias, et tentent, avec l'aide de conseillers en communication, de « faire événement ». Cela signifie qu'un journaliste, ou même un journal, ne peuvent pas décider à eux seuls de ce qui doit être considéré comme un « événement » : chacun, dans le champ journalistique, y contribue seulement à la mesure de la position qu'il occupe dans cet espace. Analysant de près comment ont été « faits » plusieurs événements médiatiques récents (campagne contre l'insécurité routière de 2003, l'affaire du RER D en 2004, notamment), cette étude démontre ainsi combien l'événement est le fait d'une construction collective qu'il faut rendre à ses logiques sociales. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The media coup Contrary to realistic and nominalistic approaches which have in common to forget that it is not the analyst's role to say what an event is and is not, this article aims at showing that the definition of the event is precisely the stake of a struggle, and that it is this struggle that is interesting to study. The scientific approach of the matter consists of taking into account every social actor who strives to impose a certain idea of what is supposed to be an event. As it is, the notion of event has become highly dependent on the media industry ; it is indeed less and less clear whether the press chooses to publish on its front page events that are events regardless of journalists, or if the fact of being on the front page contributes to make it an event. Journalists are not mere intermediaries. They have their own interpretation of the event, which may differ from the idea of the historian, the politician or the ordinary citizen. They are, moreover, submitted to pressure from those whose vested interest commands that they are mentioned in the media and endeavour, with the help of media advisers, to “make the event”. This means that a journalist, or even a newspaper, is not the only actor to decide what is supposed to be considered as an “event”. Everyone can only contribute insofar as the position they occupy in the journalistic field. Based on the analysis of the “making of ” recent events, this study shows to what extend the event is the result of a collective construction reflecting its social logics. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_032_0025 |