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Titre Le match et la grève, ou les usages militants de l'événement (années 1970)
Auteur Christophe Granger
Mir@bel Revue Sociétés & Représentations
Numéro no 32, 2011 Faire l'événement
Rubrique / Thématique
Dossier  : Faire l'événement
Page 111-134
Résumé Les années 1970 forment en France un âge d'or des luttes. Dans les usines notamment, la décennie, marquée par une densification des conflits, inaugure de nouvelles manières de faire grève qui, aux formes plus traditionnelles, mêlent les journées « portes ouvertes », les sit-in, les visites médiatisées de l'usine occupée, les concerts ou encore les manifestations sportives. Destinées à faire de la grève un événement, ces opérations témoignent à leur façon de l'avènement d'une véritable morale événementielle de l'action collective, tout entière travaillée par le souci de se rendre maître des représentations publiques du conflit, et de faire de lui une cause, propre à toucher, à concerner ou à mobiliser « l'opinion ». Marquée par l'exemple accompli de Lip, la longue grève des métallos de l'usine Rateau à La Courneuve (janvier-avril 1974), menée sous l'aiguillon de la CGT, constitue un bon laboratoire. Les archives du conflit témoignent de l'horizon événementiel que les grévistes ont alors donné à la conduite de leur lutte. Dans et hors de l'usine, mobilisant les ressorts locaux et nationaux de l'indignation, ils multiplient les performances publiques : manifestations de rue, bien sûr, mais aussi conférences de presse, exposition, match de football et concert de soutien. Faisant en sorte qu'il se passe toujours quelque chose et prenant soin de conformer leur action aux sensibilités événementielles du moment, ils s'emploient à faire parler de la grève et à lui donner du prix sur le marché des faits médiatiques. La grève des Rateau invite ainsi l'historien sur les traces d'une culture militante de l'événement ; elle autorise aussi de dessiner les contours d'une séquence historique qui voit l'événement s'affirmer parmi les modes d'organisation privilégiés du monde social.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The match and the strike, or the militant use of events (1970's)The 1970's, in France, is the golden age of struggles. In factories, notably, the decade, marked by the densification of conflicts, invents new ways to go on strike, mixing traditional ways with “open doors” days, sits-in, media-covered visits to occupied factories, concerts or even sports competitions. These operations, intended to make an event of the strike, bear witness of a true event-making approach to collective action, determined to have control over the representations if the conflict, in order to gain sympathy and support from the public opinion. The long metallurgists strike in the Rateau factory in La Courneuve (January-April 1974), is a good laboratory for research. The archives of the conflict reflect the strikers' determination to get media coverage for their struggle. Inside and outside the factory, they appeal to the people's capacity for indignation; they multiply public “performances”: street demonstrations, of course, but also press conferences, exhibitions, a football match and a support concert. Aware that something must always be happening, they strive to advertise the strike and to give value to it on the media market. The Rateau strike challenges the historian to study an activist culture of the event; it also draws the outlines of a historical sequence that sees the notion of event making assert itself as a privileged mode of organisation of society.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_032_0111