Titre | Le Tribunal pénal international doit-il faire l'événement ? : Ou les paradoxes d'une Justice pour l'Histoire | |
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Auteur | Victoria Vanneau | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 32, 2011 Faire l'événement | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Faire l'événement |
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Page | 135-153 | |
Résumé |
C'est dans le contexte du conflit de l'ex-Yougoslavie dans les années 1990 que s'institue le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Héritier des principes posés une cinquantaine d'années plus tôt aux procès de Nuremberg (1945), il vient incarner ce « rêve universaliste » d'une justice qui implique non plus seulement la communauté mondiale, mais bel et bien la communauté internationale. Sa mission est double : assurer la paix et œuvrer à la réconciliation des peuples par le droit. Ainsi né de la pression des médias et du trouble de l'opinion publique, hanté par le souvenir du génocide nazi, investi du principe kantien de publicité, le Tribunal porte, dans son existence même, l'exigence de rendre justice mais aussi de se rendre maître des usages publics et des effets symboliques que son activité produit. Autrement dit, pour mener à bien ses objectifs, juges et procureurs doivent dépasser le strict cadre de leurs prérogatives judiciaires pour donner une visibilité particulière à leur action démocratique. Le Tribunal s'entoure alors de moyens de communication importants (site Internet, retransmission des procès, etc.), destinés autant à informer qu'à sensibiliser et à se rendre présent sur les scènes internationale et nationale. En s'efforçant de faire événement au moyen d'un ambitieux programme de sensibilisation du public, en déployant une pédagogie événementielle pour forger un espace commun d'intellection et d'appropriation de son activité justicière, le TPIY a su s'imposer comme une « Justice pour l'Histoire », pesant ainsi sur le façonnement de la mémoire collective et, à partir d'elle, sur la reconstruction des identités nationales. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Should the International Criminal Court do event? The International Criminal Court for the former Yugoslavia (ICTY) has been established in the context of the conflict in 1990's. As heir to the principles laid down some fifty years earlier at the Nuremberg trials (1945), ICTY embodies the dream of universal justice that would involve the international community. Its mission is twofold: to enforce peace and work towards the reconciliation of the peoples via the law. Born from the pressure of the media and from the uneasiness of the public opinion, haunted by the memory of the Nazi genocide, invested by the Kantian principle of publicity, the ICTY bears the responsibility to see justice done, but must also have control over the public usages and the symbolic effects produced by its activity. In other words, to carry out its objectives, judges and prosecutors must exceed the scope of their judicial prerogatives to give special visibility to their democratic action. The ICTY uses important means of communication (website, broadcasting of trials), designed to inform as well as to raise awareness and to be present on the international and national scene. In seeking to event through an ambitious Outreach Program, deploying pedagogy of events to forge a common area of intellection and ownership of its vigilante activity, the ICTY has established itself as a “Justice for History”, thus weighing on the making of a collective memory and working for the reconstruction of national identities. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_032_0135 |