Titre | Voir l'événement : Roman graphique et narration historique | |
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Auteur | Christophe Granger | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 32, 2011 Faire l'événement | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Faire l'événement |
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Page | 155-166 | |
Résumé |
Appliqué par métier à faire parler les événements passés, l'historien, on le sait, a coutume de procéder avec du récit. Compagnon obstiné des mots, il n'est pas mal inspiré, toutefois, pour saisir tout l'impensé de l'écriture dont il fait profession, d'observer d'autres manières de représenter l'histoire. À ce jeu, le roman graphique offre de sérieuses pistes d'exploration. Quelle capacité ces bandes dessinées pour lecteurs adultes ont-elles de parler d'histoire ? Suivant quels procédés parviennent-elles à articuler une compréhension du passé qui n'est pas celle de l'historien ? Et plus encore, quel genre d'intelligibilité des événements historiques produisent-elles ? Attaché à retracer l'histoire d'un événement fondateur, celui, sombre et mythique, que constitue l'installation de la première colonie anglaise en Virginie (1607) et, à travers elle, la fondation des États-Unis, le Jamestown de Christopher Hittinger (2007) se prête à merveille à cet exercice de subversion des évidences. Loin de tout souci de réalisme, à partir de grandes planches noires et blanches, très denses, il fait travailler le récit, desserre le fil des causalités, fait une place à l'incertitude des hommes, insinue de l'aléa dans la grande récitation de l'événement et réintroduit le point de vue de l'absent. Bref, à partir du récit lui-même, il démythifie l'événement, explore les façons dont les anciens l'ont vu et, à partir des formes de narration qu'il se choisit, interroge les manières de faire exister les événements passés dans le présent. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Seing the event The historian's profession is to make past events “talk” through a narrative process. As a loyal friend of words, he is, however, well inspired to observe and study other means of representing History. In that view, the graphic novel offers exiting mines to explore. What capacity do these comic books for adults have to treat History? What methods do they use to articulate an understanding of the past so different from the historian's? And, above all, what sort of intelligibility of historical events do they produce? In trying to picture a founding event —dark and mythical— of the first English settlement in Virginia (1607) —and ultimately of the founding of the United States— Christopher Hittinger's “Jamestown” (2007) is a perfect example of subversion of evidence. With no regard to realism, with large sheets in dense black and white, he makes the narrative work, unties the threads of causalities, gives way to the uncertainty of men, introduces random within the main narrative of the event, and gives room to the point of view of the absents. In short, he demystifies the event, explores the different perceptions of the elders and, through self chosen forms of narrative, questions the means to weave past events into the present. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_032_0155 |