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Titre Aux frontières de la littérature et de la politique : les feuilletonistes Alexandre Dumas, Paul Féval et Eugène Sue sous la Deuxième République, des écrivains transgressifs ?
Auteur Sébastien Hallade
Mir@bel Revue Sociétés & Représentations
Numéro no 39, 2015 Écritures du feuilleton
Rubrique / Thématique
Dossier  : Écritures du feuilleton
Page 13-32
Résumé Alors que la presse politique est totalement libérée au début de mars 1848, le feuilleton, et plus précisément le roman feuilleton, continue d'occuper le rez-de-chaussée de nombreux journaux, plus ou moins éphémères, voire d'apparaître en pleine page. En s'appuyant sur l'exemple du « triumvirat du roman feuilleton » sous la monarchie de Juillet – Alexandre Dumas, Paul Féval et Eugène Sue –, il s'agit d'analyser comment la nature, la forme et le contenu du roman feuilleton, le statut de romancier feuilletoniste servent le projet et les idées politiques des trois écrivains, ces derniers étant symptomatiques de la politisation des écrits et de la volonté des écrivains d'affirmer leur légitimité politique sous la Deuxième République. Toutefois leur légitimité culturelle, face aux accusations de corruption de la littérature et du journalisme, étant elle-même en question, leur légitimité politique, face aux accusations de dénaturation de la politique, devient aussi sujette à caution. Élites culturelles et élites politiques, de l'extrême gauche à l'extrême droite, se rejoignent dans un discours mettant en avant la nécessité d'une police des mœurs, qui se traduit par des listes d'ouvrages considérés comme non dangereux pour les éternels mineurs du xixe siècle, les nouveaux lecteurs que sont les ouvriers, les femmes et les enfants. Pour autant, malgré l'apparition de journaux à un sou, des changements typographiques et d'organisation de la presse périodique, les romanciers feuilletonistes peinent, au milieu du XIXe siècle, à dépasser le cadre d'un public urbain et bourgeois. La condamnation, à travers la taxation du roman feuilleton à l'été 1850, juste après l'élection d'Eugène Sue à l'Assemblée nationale, par un pouvoir républicain de plus en plus conservateur, traduit alors avant tout la peur et la croyance des élites en l'influence de la littérature contemporaine sur les mœurs.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais On the border between literature and politics: Are serial writers transgressive writers? Alexandre Dumas, Eugène Sue and Paul Féval under the Second RepublicWhereas the political press was totally freed at the begining of March 1848, the serial and more particularly the serial novel, continued to occupy the bottom page of a number of newspapers, more or less temporary, and even to take up a full page. Referring to the “triumvirate of the serial novel” at the time of the July Monarchy—Alexandre Dumas, Paul Féval and Eugène Sue—it is necessary to analyze how the nature, the form and the contents of the serial novel and the status of a serial novelist participate to the project and the political ideas of the three authors, these latter being symptomatical of the politisation of their works (from the mere allusion to the political situation to the pedagogical function) and of the authors' will to assert their political legitimacy under the Second Republic. However, their cultural legitimacy, in face of the accusations of corrupting literature and journalism, being itself in doubt, their political legitimacy, confronted with accusations of denaturating politics became itself subject to approval. The cultural and political elite, from the extreme left to the extreme right wing, came together to express the need for a policy of good manners, that resulted in a list of works considered not to be dangerous for the everlasting minors of the 19th century, the workers, women and children that constituted the new readers. Nevertheless, despite the release of the one penny newpapers, the typographical changes and those of the organisation of the periodical press, the serial novelists strove, in the midst of the 19th century, to overide the scope of an urban, middle-class public. The condamnation of the serial novel through a tax imposed on it, in the summer 1850, just after the election of Eugène Sue to the National Assembly, by a more and more conservative republican regime, embodied then above all the fear and the belief of the elite in the influence of contemporary literature on customs and habits.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_039_0013