Titre | Je suis celui qui creuse dans la mémoire des choses enfouies | |
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Auteur | Laurent Olivier | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 43, 2017 Après Certeau : histoire, archives et psychanalyse | |
Rubrique / Thématique | Après Certeau : histoire, archives et psychanalyse |
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Page | 113-120 | |
Résumé |
Nous ne pouvons pas retourner au passé, ni l'évoquer à partir de ce qu'il en reste. Dans le présent autour de nous il n'en demeure rien de directement reconnaissable, si ce n'est une carcasse vide où nous seuls savons que « cela a été ». Ce qui reste est enfoui, à l'état de loques et d'épaves, sous la surface de la conscience, dans les profondeurs du rêve ou dans l'épaisseur du sol. Il n'y a rien d'autre, de sorte que le rêve devient pour nous la seule expérience du passé – sa véritable survivance en temps réel – dans la mesure où le présent est le lieu où le passé subsiste, à l'état de ruine enfouie. Ce n'est qu'avec ces débris souillés ou desséchés, scellés dans les ruines englouties du passé, que nous pouvons conserver un contact avec notre passé disparu. Mais cette identité « originelle » du passé est perdue, ou plutôt elle n'existe plus qu'ensevelie et défaite. Elle est irrémédiablement changée avec le temps, qui nous la rend toujours plus inaccessible et incommunicable. Des lieux abandonnés, jonchés de loques et de débris, dont la présence n'en finit pas de travailler notre présent : l'archéologie n'a pas d'autre place que celle-là. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
I am that one who digs in the jerk of the Past Archaeology doesn't deal with past events —past dynasties, past empires. It deals with what has materially happen and left a physical trace anywhere. A man digging a hole to plant does something much more important, regarding the archaeological evidence, than the death of a king or a battle lost or won. Archaeology deals with things and places, everywhere; it is about the way they have “received” the daily events of the past, how they have reacted to change, how they have transmitted what they are made of. Archaeology is about memory, the material memory of places and things. And doing so, archaeology is not about the past itself, but more about the present, since those dirty and ugly remains of the past —pieces of broken pots or broken tools, garbage, dead bodies, abandoned houses...— are not found in the past they come from but directly in the present, in our present where we do find them. Archaeology is about duration, since any material thing —no matter the time of the past it has been created, no matter the moment it has been thrown away— keeps lasting again and again, in the various presents following the time it was functioning. And so, material memory is always transforming, while transmitting, this inheritance of the past. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_043_0113 |