Titre | Nous représenter | |
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Auteur | Anina Ciuciu | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 45, 2018 Représentation et non-représentation des Roms en Espagne et en France | |
Rubrique / Thématique | Représentation et non-représentation des Roms en Espagne et en France |
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Page | 107-118 | |
Résumé |
En tant que jeune femme Rromni, j'ai fait l'expérience de l'impératif qui est adressé à quiconque naît Rrom dans les sociétés modernes : cacher ce que nous sommes en public et ne pouvoir l'être que dans des ghettos cachés des Gadjés. Dès lors, pour apparaître publiquement, nous n'avons que deux options. La première consiste à haïr en soi son être Rromani autant que le hait le Gadjo afin de ressembler à ce dernier en cessant d'être Rrom. L'autre consiste à revêtir le masque humiliant de la représentation majoritaire avec l'espoir d'y trouver son intérêt. Ces deux possibilités enferment notre participation politique, à l'instar des enfants et jusqu'à récemment des femmes, dans un statut de mineur historique sans souveraineté qui n'agit ni ne s'exprime sans un tutorat majoritaire. Ma riposte consiste, à contre courant de la revendication du statut de victime historique et de nation pré-étatique empruntés encore une fois au catalogue des concepts majoritaires aliénants, à tâcher de construire notre participation politique et symbolique à partir de la réappropriation de ce qui nous représente suivant les moyens conformes à ce que nous sommes réellement : une multiplicité engagée historiquement dans des stratégies de résistance aux tentatives de destruction dont elle est l'objet dans l'histoire collective : esclavage, génocide, incarcération de masse. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Representing Ourselves As a young Romani woman, I have experienced the injunction addressed to anyone born a Roma in modern societies: hide what you are when in public, and be what you are only in ghettoes hidden from Gadjo society. As a consequence, we only have two options for our public appearances. The first is dictated by self-hatred: hating your Romani being as much as the Gadjo hates it, and thus cease to be the former in order to look like the latter. The second option implies putting on the degrading mask of majority representations of the Roma in the hope of some gain. Both options confine our political participation to the role of minors, just like children or until recently women—deprived of sovereignty, speaking or acting only under the tutelage of the majority perspective. My response goes against the grain of claims of a status as historical victims, and as a nation before the State, borrowed from majority concepts that alienate us. We should try to build our political and symbolic participation starting from the re-appropriation of that which represents us in ways that are consistent with who we are actually: a multiplicity of people historically committed to strategies of resistance against the various attempts at destruction experienced in our collective history—slavery, genocide, mass incarceration. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_045_0107 |