Titre | L'obscur attrait des formes : Wolfgang Kœhler et la catégorie de Gestalt | |
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Auteur | Florence Vatan | |
Revue | Revue d'histoire des sciences humaines | |
Numéro | no 5, 2001 La littérature, laboratoire des sciences humaines ? | |
Rubrique / Thématique | Dossier : La littérature, laboratoire des sciences humaines ? |
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Page | 95-116 | |
Résumé |
Il y a un certain paradoxe à vouloir fonder – comme le fait Wolfgang Kœhler – une psychologie « scientifique » tout en érigeant en concept-clé de sa Gestalttheorie une notion aux résonances littéraires empruntée à Gœthe. Ce choix lexical est d'autant plus surprenant que la Gestalt, dans la première moitié du XXème siècle, est également un mot d'ordre idéologique teinté de connotations antirationalistes et conservatrices. J'examine dans cet article trois explications distinctes de ce paradoxe. La première s'intéresse à l'histoire interne de la discipline et attribue l'utilisation du concept à des motivations purement épistémologiques : Kœhler se sert de la notion comme d'un instrument de lutte contre la psychologie élémentariste. La seconde explication souligne l'imprégnation idéologique d'une théorie marquée – comme nombre de projets intellectuels de l'époque – par son orientation holiste. Ni les débats internes à la discipline ni l'hypothèse d'une « contamination » par le Zeitgeist n'élucident cependant le rôle fondateur joué par cette notion dans la genèse de la théorie kœhlerienne. La thèse de cet article est que la catégorie de Gestalt, en raison de sa richesse évocatoire et de ses connotations à la fois scientifiques et littéraires, se révèle pour Kœhler heuristiquement féconde : elle permet d'embrasser dans un même cadre théorique des phénomènes d'ordinaire isolés, tels les processus physiques, perceptifs et cognitifs. Elle répond ainsi au projet philosophique kœhlerien d'une alliance entre « sciences de la nature » et « sciences de l'esprit ». Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
The starting point of this article is a paradox : Wolfgang Kœhler purports to found a « scientific » psychology. Yet, he borrows the central concept of his theoretical approach from Gœthe. This lexical choice is all the more puzzling that in the first half of the 20th century the notion of Gestalt is also an ideological catchword tinged with antirationalist and conservative connotations. This paper examines three different explanations of this paradox. The first one focuses on the debates internal to the discipline and relates the Gestalt category to epistemological motivations : according to this interpretation, Kœhler used the Gestalt concept as a weapon against the elementistic psychology. The second explanation traces the centrality of this notion to the pervasive influence of an ideological context in which holism loomed large. I argue that neither the internal debates of the discipline nor the hypothesis of an ideological « contamination » fully account for the key role played by the Gestalt concept in the genesis of Kœhler's theory. I develop a third explanation : Kœhler found this category heuristically fruitful because of its suggestive power and its scientific and literary connotations : the Gestalt allows him to embrace within a single theoretical framework phenomena which are usually set apart such as physical, perceptual and cognitive processes. Therefore, the notion of Gestalt fits his philosophical attempt to combine « natural sciences » with « human sciences ». Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RHSH_005_0095 |