Titre | Ursum facere ou le sens reconstitué : Rémanences, résiliences et transformations des fêtes de l'Ours du Haut-Vallespir | |
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Auteur | Claudie Voisenat | |
Revue | Sociétés & Représentations | |
Numéro | no 47, 2019 Le goût de la reconstitution | |
Rubrique / Thématique | Le goût de la reconstitution |
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Page | 39-51 | |
Résumé |
Chaque hiver, dans le Haut-Vallespir, une vallée des Pyrénées-Orientales, de jeunes hommes grimés en « Ours », poursuivis par des « Chasseurs », parcourent les rues des villages pour se saisir des jeunes filles. En dépit de leur ancienneté, ou mieux, en raison d'elle, les fêtes de l'Ours relèvent bien d'une reconstitution : non pas celle d'un passé mis en scène dans sa matérialité, mais celle du sens, perpétuellement reconstruit à mesure que le temps et les transformations sociales viennent l'éroder. Si les gestes et l'expression, « faire l'ours », ursum facere montrent une singulière rémanence, aussi loin que remonte notre documentation, depuis le milieu du xixe siècle au moins, les raisons de le faire n'ont pas cessé d'être réélaborées, restaurant en permanence la cohérence qui donne sens à l'expérience, en permet le renouvellement et la répétition qui lui donne valeur de rite. Réutilisations, emprunts, transferts, sont à l'œuvre, utilisant les recouvrements successifs des discours autochtones par ceux de la religion tout d'abord, de l'érudition locale ensuite, des sciences humaines. Leur récupération, on pourrait dire leur indigénisation récente, par une communauté soucieuse d'énoncer et de valoriser sa propre culture, ne cantonne pas la reconstitution dans la fidélité à une vérité originelle, unique. Reconstituer la cohérence, c'est avant tout orchestrer une polyphonie. On tente ici d'en isoler quelques voix. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Each winter, in a valley of Eastern Pyrenees, young men dressed as “Bears”, pursued by “Hunters”, roamed the streets of the villages to seize the girls. In spite of their antiquity, or better, because of it, the Bear festivals are indeed a reconstitution: not that of a past staged in its materiality, but that of the sense, perpetually reconstructed in, as time and social transformations erode it. If the gestures and the expression, “to make the Bear”, ursum facere, show a singular remanence, as far back as our documentation goes, since the mid-nineteenth century at least, the reasons for doing so have not stopped to be re-elaborated, permanently restoring the coherence that gives meaning to the experience, allows its renewal and repetition which gives it ritual value. Reuse, borrowings, transfers are at work, using the successive recoveries of the indigenous discourses by those of the religion first, of the local erudition then, and, last but not least, of the human sciences. Their recovery, one could say their recent indigenization, by a community anxious to enunciate and value its own culture, does not limit the reconstitution in fidelity to an original, unique truth. To reconstitute coherence is above all to orchestrate a polyphony. We try here to isolate some of these voices. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_047_0039 |