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Titre L'histoire plastique, entre standards et braconnages
Auteur Manuel Charpy
Mir@bel Revue Sociétés & Représentations
Numéro no 47, 2019 Le goût de la reconstitution
Rubrique / Thématique
Le goût de la reconstitution
Page 93-121
Résumé « Playmobil, En route, on va chercher l'histoire ! » : l'étrange slogan publicitaire de la marque de figurines en plastique dit toutes les ambiguïtés de son rapport à l'histoire. Depuis sa création, en 1974, à Dietenhofen, la marque prend soin de présenter une histoire apaisée, voire de contourner l'histoire. Il faut dire que Dietenhofen est situé à quelques kilomètres de Nuremberg, à la fois capitale du jouet, au moins depuis le début du xixe siècle, et capitale culturelle du IIIe Reich avant de devenir le lieu du procès. Playmobil joue des figures de guerriers, mais se tient avec soin aux histoires lointaines, dans l'espace comme dans le temps : chevaliers du Moyen Âge, Indiens évoquant Winnetou, cow-boys et soldats Nordistes... Alors, pourquoi la firme, qui a vendu environ 2,5 milliards de figurines, publie-t-elle une charte interdisant d'évoquer avec ces jouets des scènes de guerre, en particulier de la Seconde Guerre mondiale ? C'est qu'en réalité, quasiment tous les week-ends de l'année se tiennent des expositions, le plus souvent dans des gymnases de petites villes en périphérie des métropoles. Les « playmodélistes », ces adultes, en général issus des milieux ouvriers, bricolent ces figurines en thermoplastique pour reconstituer des scènes, le plus souvent historiques, dans des sortes de dioramas. Évidente manière de s'approprier ensemble l'histoire et l'industrie, ces pratiques mettent au défi une entreprise qui ne cesse de poursuivre les « playmodélistes ». Mais à leurs yeux, ils ne font que jouer à l'histoire avec des objets dont ils sont détenteurs car venus de leur enfance.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The plastic history, between standards and poaching“Playmobil, On the way, we'll get the story!”: The strange advertising slogan of the plastic figurines brand says all the ambiguities of its relationship to history. Since its creation in 1974 in Dietenhofen, the firm is careful to present a peaceful history, even to bypass history. It must be said that Dietenhofen is a few kilometers from Nuremberg, both toy capital at least since the early nineteenth century and cultural capital of the Third Reich before becoming the venue of the trial. Playmobil plays figures of warriors but is carefully with distant stories, in space as in time: Knights of the Middle Ages, Indians evoking Winnetou, cowboys and Nordic soldiers... So why the firm that sold about 2, 5 billion figurines publishes a charter prohibiting to evoke with these toys scenes of war, especially of the Second World War? In fact, almost every weekend of the year, exhibitions are held most often in gymnasiums of small towns on the outskirts of metropolises. The “playmodelists”, these adults, usually from the working class, tinker with these thermoplastic figurines to reconstruct scenes, most often historical, in dioramas. Obvious way of appropriating together history and industry, these practices challenge a company that continues to pursue the “playmodelists”. But in their eyes, they are only playing history with objects they own because they came from their childhood.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SR_047_0093