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Titre La sinologie : la langue chinoise créée par les sinologues ?
Auteur Clément Fabre
Mir@bel Revue Revue d'histoire des sciences humaines
Numéro no 34, 2019 Chemins de traverse
Rubrique / Thématique
Dossier
 Disciplinarisation, dédisciplinarisation, redisciplinarisation
Page 97-123
Résumé Quelle place la sinologie française du xixe siècle réserve-t-elle aux Chinois dans l'étude de leur propre langue ? La spécificité du territoire sinologique parisien, au sein duquel s'affrontent plusieurs conceptions concurrentes de la sinologie, adossées chacune à une définition spécifique de la langue chinoise, interdit de répondre de façon trop tranchée. Pas de rejet d'ensemble des compétences chinoises, pas plus qu'une unanime reconnaissance de leur valeur, mais plusieurs créations antagonistes de langue chinoise ménageant aux Chinois, au gré des situations et des stratégies, des rôles variés. Là où les sinologues de cabinet définissent un chinois ancien dont l'intelligence aurait été perdue en Chine et ne serait accessible qu'à Paris, les sinologues de terrain, avides de saper l'autorité des premiers, reconnaissent aux Célestes la maîtrise d'une langue inchangée depuis la nuit des temps, tandis que les journaux profanes peinent à concevoir qu'il puisse exister meilleur spécialiste de la langue chinoise qu'un Chinois.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais What place does French sinology of the nineteenth century reserve for the Chinese in the study of their own language? The specificity of the Parisian Sinological territory, within which several competing conceptions of sinology come face to face, each one backed up by a specific definition of the Chinese language, prevents a clear answer. Neither an overall rejection of Chinese skills, nor unanimous recognition of their value, but rather several antagonistic creations of the Chinese language, attributing various roles to the Chinese, according to the situations and strategies. Where cabinet sinologists define an ancient Chinese person whose intelligence would have been lost in China and would be accessible only in Paris, sinologists in the field, eager to undermine the authority of the former, recognise the Celestial mastery of a language that is unchanged since the dawn of time, whereas the secular journals struggle to conceive that there can be a Chinese language specialist that is better than a Chinese person.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://journals.openedition.org/rhsh/3109