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Titre Les « glorieuses familles » : Liens de parenté situationnels, stratégie agentielle et critique du pouvoir en Angola
Auteur Jon Schubert
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro no 234, 2019/2 Le politique, une affaire de famille ?
Rubrique / Thématique
La famille, la parenté et l'hérédité comme ressources dans le jeu politique
Page 515-542
Résumé L'anthropologie a depuis longtemps examiné les liens entre le symbolisme de la parenté et la légitimité politique en Afrique, selon lesquels l'autorité légitime repose sur des imaginaires familiaux et paternels du pouvoir. Le cas de l'Angola nous offre une occasion de revoir ce trope classique de manière critique : autant les liens de famille qui unissaient les cercles restreints du pouvoir autour de l'ancien Président dos Santos sont de notoriété publique, autant le régime est réticent à déployer les métaphores paternelles ou les valeurs « traditionnelles » pour asseoir son autorité. En dressant une cartographie des dimensions affectives des relations de domination dans un régime néo-autoritaire contemporain tel que l'Angola, l'article suggère qu'il existe une tension entre deux corpus de valeurs distincts mais corrélés — l'idéal « traditionnel » de la communauté politique comme une famille, d'une part, et la pratique réelle de mobilisation des relations de parenté à Luanda, d'autre part. La connaissance fine qu'ont les citoyens de ces réseaux de famille réels ou imaginaires qui constitueraient « le pouvoir » en Angola ouvre un champ discursif où l'on peut critiquer un gouvernement peu à l'écoute des besoins de la population, tandis que l'établissement de liens de parenté situationnels au quotidien crée des opportunités d'avancement individuel qui, en fin de compte, renforcent plutôt que subvertissent le statu quo.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais

‪Anthropology has long probed the link between kinship symbolism and political legitimacy in Africa, whereby legitimate authority rests on the deployment of familial, paternal imageries of power. The case of Angola offers an opportunity to critically revisit this classic trope: while the closest ruling circle around former President dos Santos are widely known to be connected by kinship links, the government has been reluctant to deploy paternalistic metaphors or “traditional” values to bolster its authority. By ethnographically charting the affective dimensions of the relationship of domination in a contemporary neo-authoritarian regime like Angola, the article suggests that there is a tension between two distinct, but embroiled sets of values or discursive repertoires—the “traditional” ideal of the body politic as family, and the actual practice of mobilizing family relations in Luanda. The intimate knowledge citizens have about real or imagined family networks opens up a terrain to critique a government perceived as unresponsive to the needs of the population, while the establishment of situative kinship relations in everyday life and creates opportunities for personal advancement, that ultimately bolster rather than subvert the status quo.‪

Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CEA_234_0515