Contenu de l'article

Titre Au nom du père, du fils et du Sénégal ou comment l'héritage ne fait toujours pas l'héritier en politique
Auteur Marie Brossier
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro no 234, 2019/2 Le politique, une affaire de famille ?
Rubrique / Thématique
La famille, la parenté et l'hérédité comme ressources dans le jeu politique
Page 655-681
Résumé Cet article interroge la manière dont l'hérédité se fabrique en politique à partir du projet de succession héréditaire mené au Sénégal entre l'ancien président Abdoulaye Wade (au pouvoir de 2000-2012) et son fils Karim entre 2000 et 2019. Celui-ci repose, d'une part, sur la captation familiale du pouvoir à la tête de l'État (pour le père) et du parti du père (pour le fils) et, d'autre part, sur la construction d'une validation politique et électorale de la filiation et de l'héritier. Certains ont vu dans la trajectoire du fils (positionné au sein du Parti et de l'État, puis disqualifié par une condamnation pour enrichissement illicite et le rejet de sa candidature dans la course à la présidence de 2019), un projet largement contesté puis défait de succession héréditaire. Pourtant, son parcours fait de luttes fratricides avec les « fils » politiques de Wade père, notamment Macky Sall, qui devient président de la République (en 2012 puis à nouveau en février 2019), montre qu'une tentative de succession marquée par un processus de sélection (famille et parti), de contrôle du Parti et d'expériences ministérielles majeures, n'est pas toujours vouée à réussir. Les contraintes majeures que constituent une compétition politique relativement institutionnalisée ainsi qu'une contestation populaire rejetant la naturalisation des rapports politiques à des rapports de parenté comme gage de stabilité montrent que l'héritage (à transmettre) ne suffit pas à faire l'héritier en politique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais

‪This article seeks to understand how political hereditary is constructed through a hereditary succession project in Senegal built by and for former President Abdoulaye Wade (in power from 2000 to 2012) and his son Karim between 2000 and 2019. This planned succession was based in part on the familial capture of state executive power (by the father) and of the father's political party (by the son), as well as on the construction of a political and electoral validation of kinship and the heir. Some scholars have considered that the son's life trajectory (positioned in the party and the state, but later disqualified by being found guilty of embezzlement and consequently banned from running for the presidency in 2019) a failed hereditary succession project that has been largely contested. Indeed, his trajectory, characterized by fratricidal struggles between the political “sons” of Wade the father, notably Macky Sall, who became president in 2012 and for a second term in February 2019, visibly demonstrates that in an attempt to engineer a succession through a process of selection (both party and family), control of the party and key cabinet-level experiences are not always the keys to success. The major obstacles, relatively institutionalized competitive politics and popular rejection of the notion that hereditary succession is a guarantee of stability show that the familial transmission of power is insufficient to guarantee a political heir.‪

Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CEA_234_0655