Contenu de l'article

Titre Corps absents : des fils disparus et des familles en lutte ? Le cas des migrants tunisiens
Auteur Farida Souiah
Mir@bel Revue Critique internationale
Numéro no 83, avril-juin 2019 Corps migrants aux frontières méditerranéennes de l'Europe
Rubrique / Thématique
Thema. Corps migrants aux frontières méditerranéennes de l'Europe
Page 87-100
Résumé En Tunisie, depuis 2011, des collectifs et des associations se mobilisent pour et autour de la cause des migrants disparus. Les familles concernées, représentées notamment par l'association La Terre pour tous, réclament le retour des leurs – car l'absence de corps les conduit à espérer qu'ils sont encore vivants – ou des informations qui permettraient de mettre fin à l'incertitude. Les disparus sont-ils devenus des corps anonymes ? Si oui, dans quelles circonstances ? Au cœur du dispositif d'énonciation et des pratiques protestataires se trouve la figure de la mère, souffrante et éplorée, qui accroît la forte portée symbolique de ces disparitions. Attirés par la puissance contestataire de ces luttes, des associations et des collectifs militants, nationaux et transnationaux, se joignent aux familles pour porter leur cause, l'accompagner, la traduire, l'orienter ou l'étendre. Or, tandis que ces acteurs nombreux et variés se saisissent du thème de ces corps absents pour formuler une critique des politiques migratoires et du régime des frontières, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) tente d'imposer d'autres clés de compréhension de la disparition des migrants et promeut des programmes visant à dissuader les candidats aux départs. De son côté, l'association La Terre pour tous s'approprie, non sans tensions et rivalités, certaines revendications et formes de protestation, mais choisit aussi d'en délaisser d'autres.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Absent Bodies: Missing Sons and Struggling Families? The Case of Tunisian Migrants Since 2011, a number of Tunisian collectives and associations have rallied to the cause of missing migrants. Represented by the La Terre pour Tous association, among others, the families in question have called for their loved ones to be returned to them (the absence of their bodies feeding hopes they still live) or any information that would allow them to put their uncertainty to rest. Have the missing become anonymous bodies? If so, under what circumstances? Further enhancing the symbolic impact of these disappearances, the figure of the suffering and tearful mother plays a central role in the context of utterance and practices of protest. Attracted by the anti-establishment power of these struggles, national and transnational associations and activist collectives have joined forces with families to promote their cause, lend support and translate, guide and extend it. Yet while these many and varied actors have seized upon the theme of absent bodies to criticize migratory and border regime policies, the International Organization for Migration (IOM) has sought to frame the death of migrants in other ways and promoted programs intended to dissuade others from making the same journey. The La Terre pour Tous association, for its part, which has seen its share of tension and rivalry, has adopted some demands and forms of protest but chosen to abandon others.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CRII_083_0087