Titre | Quand l'action publique produit ses contestataires : Les effets politiques imprévus d'un partenariat public-privé en Bolivie | |
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Auteur | Pierre-Louis Mayaux | |
Revue | Gouvernement & action publique | |
Numéro | volume 8, no 1, janvier-mars 2019 | |
Page | 87-111 | |
Résumé |
Cet article rend compte d'une mobilisation sociale de grande ampleur contre la concession privée d'eau potable à La Paz-El Alto en Bolivie. Cette concession fut pourtant érigée durant sa décennie d'activité (1997-2007) en un modèle de participation privée « bonne pour les pauvres » (pro-poor). Il existe assurément de fortes dispositions structurelles aux mobilisations à El Alto. Mais le partenariat public-privé a davantage étendu le service que l'opérateur public antérieur, pour des tarifs qui ont augmenté mais sont restés les plus bas du pays : comment, alors, expliquer que cette mobilisation se soit déclenchée sur l'eau et contre la concession privée spécifiquement ? Cet article soutient que l'action publique-privée a transformé en profondeur l'interprétation de leur condition sociale par les publics concernés, et que ces effets d'interprétation ont été le mécanisme central d'activation de la mobilisation, bien au-delà des effets strictement matériels. La politique publique-privée a involontairement secrété sa propre opposition en unifiant symboliquement la population, jusque-là très disparate, des non-raccordés (en un groupe social homogène de « pauvres » ayant désormais vocation à être rapidement connectés) et en traitant cette population manifestement moins bien que les autres catégories sociales. Ces observations s'inscrivent dans une littérature émergente sur les feedbacks négatifs des politiques publiques. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
When policies produce their own protesters This article explains a large-scale social protest against a private water concession in La Paz-El Alto, despite the latter having been widely touted, during its ten years of operation (1997-2007), as a model of “pro-poor” private sector participation. The city of El Alto certainly displays some strong structural dispositions towards social mobilization. However, the public-private partnership expanded the service faster than the former public company had, while prices, though slightly increasing, remained among the country's lowest. How, then, are we to explain that a sustained protest was sparked over water and over the private concession specifically ? We argue that the public-private partnership deeply transformed the way target populations interpreted their social conditions, and that these interpretation effects were the key mechanism that activated the protest. The public-private policy unintentionally nurtured its own opposition by symbolically unifying the unconnected population into a homogeneous social group of “poor” people now expecting their imminent connection to the water mains. Moreover it visibly treated this population in an unequal way. These observations fit within a growing literature on negative policy feedbacks. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=GAP_191_0087 |