Titre | Cosmogonie et cosmologie | |
---|---|---|
Auteur | Philip K. Dick | |
Revue | Gradhiva : revue d'anthropologie et de muséologie | |
Numéro | no 29, 2019 Estrangemental | |
Page | 30-49 | |
Résumé |
Inédit en français, « Cosmologie et cosmogonie » est un étrange essai spéculatif de Dick représentatif de sa seconde période (dite « mystique »). Comment expliquer l'anomalie, l'imperfection ou l'incomplétude fondamentale de notre monde ? En quoi un sandwich au jambon fait-il un bon modèle de réalité ? Et si la théologie était au fond de la science-fiction et vice-versa ? Voici quelques-unes des questions posées par cet exercice de cosmologie expérimentale où théologie et science-fiction deviennent une seule et même chose : un exercice spéculatif d'invention d'hypothèses de grande ampleur sur le travail des entités à l'œuvre au sein du cosmos, et au terme duquel la réalité se trouve plus ou moins acceptée, niée, modifiée ou réévaluée dans son statut d'apparence phénoménale.L'écrivain puise ici à des sources d'inspirations diverses, gnostiques, chrétiennes et orientales pour se fabriquer une croyance viable mariant théologie et technologie. Il reprend notamment au théosophe allemand Jakob Böhme (1575-1624) l'hypothèse que Dieu serait en quelque sorte au stade larvaire, naîtrait à la conscience et aurait produit une image (notre monde) comme un grand exercice d'introspection pour se connaître lui-même, via un appareil de projection plus ou moins défaillant (Zebra). Dick se déclare plus loin « panenthéiste », notion qu'il emprunte au philosophe allemand Karl Christian Friedrich Krause (1781-1832). Tandis que le panthéisme affirme que tout est divin et que la divinité possède les mêmes limites spatio-temporelles que le cosmos, le panenthéisme postule l'existence d'une Entité bien plus grande que l'univers dont celui-ci n'est finalement qu'une partie. L'écrivain de science-fiction se range donc du côté d'Aristote, de Plotin, Maître Eckhart, Spinoza, Whitehead, de l'advaita vedanta, auxquels on aurait pu ajouter les prêtres aztèques aussi bien que beaucoup de peuples d'Amérique du nord. Il se déclare par ailleurs « acosmique » (expression empruntée à la philosophie de la religion de Hegel), voyant dans l'aspect phénoménal du cosmos soit une illusion d'optique soit une réalité incomplète ou inachevée, une idée partagée par Shankara, Platon, Spinoza, Hegel, Schopenhauer ou encore Whitehead. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
|
Article en ligne | http://journals.openedition.org/gradhiva/4000 |