Titre | Moins de biens pour plus de liens : Jean-Jacques Rousseau, décroissanciste avant l'heure ? | |
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Auteur | Pierre Crétois | |
Revue | Astérion | |
Numéro | no 20, 2019 Les dissonances du doux commerce | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Résumé |
Si Rousseau a écrit bien avant les développements actuels de l'économie capitaliste, reste qu'il en pressent nombre de conséquences. Le rapprochement entre sa philosophie et l'approche décroissanciste éclaire tant son approche que la généalogie d'un mouvement. Rousseau, en promouvant la petite propriété autarcique, cherche à échapper à la logique marchande. La diminution du commerce semble avoir pour ambition première de libérer les rapports humains des contraintes de l'échange intéressé afin de promouvoir des relations non aliénées. Aussi nous nous efforçons de rapprocher Rousseau de la pensée décroissanciste contemporaine pour reprendre au compte du Genevois l'expression d'Émeline De Bouver : « moins de biens, plus de liens ». Le principe de la « simplicité volontaire contre le mythe de l'abondance » anime le mouvement décroissanciste. L'objectif des décroissancistes est de faire primer la gratuité, les relations non marchandes, sur la logique de la consommation et la marchandisation de tous les aspects de la vie et des rapports humains. Jean-Jacques Rousseau cherche d'une manière proche à réduire les échanges marchands et à favoriser une certaine forme d'autarcie économique non parce qu'il souhaite supprimer les échanges, mais parce qu'il veut maintenir intactes les relations de confiance, d'amitié et d'intimité qui sont autant de sphères que l'échange marchand risque toujours de pervertir dès qu'il s'y introduit. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Rousseau's writings are far from the current developments of the capitalist economy, but they do foreshadow many of its consequences. The link between his philosophy and degrowth thinking illuminates both his approach and the genealogy of this economical tradition. Rousseau, by promoting a lifestyle of small and self-sufficient property owners, tries to avoid the logic of a commerce. His desire to tendentially suppress trade seems to have the primary aim of freeing human relationships from the constraints of selfish exchange so as to promote non-alienated relationships. We intend to show the link between Rousseau and contemporary degrowth theory by considering Émeline De Bouver's expression “fewer goods, more relationships” as Rousseauan. The principle of “voluntary simplicity against the myth of abundance” animates the degrowth movement. The aim of the degrowth thinkers is to promote gratuity, non-commercial relationships against the logic of consumption and the commodification of all aspects of life and human relationships. Jean-Jacques Rousseau similarly seeks to reduce commercial exchange and promote a certain form of economic autarky. He does so not because he wants to suppress these exchanges, but in order to maintain intact the relations of confidence, friendship and intimacy, which he argues will be perverted if they are invaded by a logic of commercial exchange. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://journals.openedition.org/asterion/3871 |